Voici un film que l’on pourrait considérer comme le premier survival de l’histoire. Ou du moins comme celui qui allait poser les bases d’un genre qui connaîtra sa véritable définition et sa popularité quatre décennies après. S’il n’a pas forcément le même impact qu’un Delivrance qui est un modèle de violence psychologique, on peut toutefois affirmer que le film fait preuve d’une belle efficacité. C’est bien simple, un comte malfaisant installé sur une île s’adonne à une sadique chasse à l’homme grâce aux naufragés des bateaux qu’il piège à proximité. Un seul but alors pour les rescapés : survivre. Les enjeux sont parfaitement clairs et concis sur un film qui dure à peine une heure et qui ne va pas chercher à s’étirer outre mesure. Parfait.


Alors la pellicule a légèrement souffert des ravages du temps mais la photographie reste très convenable. Et la mise en scène est aussi assez réussie, notamment lorsque la chasse bat son plein. Il y a des passages dans des zones marécageuses qui sont vraiment très beaux par exemple, avec la fuite du couple dans le brouillard. Et le fait que ces décors ne sentent pas trop le studio à plein nez contribue à l’immersion. Bon certes, ce n’est pas la savane de The Naked Prey mais c’est quand même bien foutu. Et je trouve que ça rend encore mieux que dans King Kong qui, rappelons-le pour l’anecdote, a été tourné en même temps, dans les mêmes décors, avec le même réalisateur (Ernest B. Schoedsack) et la même actrice principale (Fay Wray).


Dans l’ensemble, le film est très sympathique et parfois un peu amusant malgré lui mais c’est ce qui participe aussi à son charme. Je pense notamment à Leslie Banks qui incarne ce comte russe et qui surjoue délicieusement en roulant bien les « r » et en fronçant les sourcils pour montrer qu’il n’est pas gentil. Mais il reste un méchant réussi avec cette petite pointe d’exagération pour le rendre définitivement irrésistible. La partie de chasse est vraiment prenante avec ce jeu du chat et de la souris où chacun va tenter de piéger l’autre. L’action est suffisamment resserrée tout en prenant le temps de développer un certain rythme avec une unité de temps bien définie qui donne de la vie au récit. Il n’en fallait pas plus pour rendre la poursuite palpitante et très limpide. D'autant plus que celle-ci succède à une montée en tension très bien orchestrée. Comme quoi la simplicité au cinéma, ça a du bon dès que l’idée de base et les enjeux sont suffisamment bien traités. Un petit classique à (re)découvrir.

Moorhuhn
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le 10 août 2015

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