La fin du monde, tel qu'ils le connaissent

Les premiers adjectifs qui me viennent alors que j'essaie de construire cette critique dans ma tête : solaire, puissant, énergisant.
Un pitch plutôt simple : L'été de la mort de son père, un jeune homme sensible et doux s'éprend d'une jeune femme aux manières abruptes. Pour la voir plus que ce qu'il n'aurait dû, il ne s'inscrit pas à son cours de chant ou dans sa fac, non, il se retrouve à un stage d'entrainement commando de l'armée. Elle veut apprendre à survivre. Il la suit.
Eh oui, pitch plutôt simple de prime abord, mais vraiment original. De l'inédit et du jamais vu au cinéma, ça fait du bien par les temps qui court.

Ce film est une fable naturaliste : la masse verdoyante des forêts, les aiguilles de pins des plages du sud-ouest, le ciel menaçant et le soleil qui frappe; la nature prédomine. Immense et sauvage, elle contraste avec ces petits corps pourtant vigoureux, perdus, qui avancent.
Madeleine, l'héroïne veut se perdre, elle veut être testée et pouvoir s'en sortir. C'est le cynisme propre à la jeunesse poussé à son extrême : rien n'a de sens, tout est vain, rien n'a d'importance, on va tous mourir...
De son côté, Arnaud, lui, a des raisons de vouloir tout envoyer valser : son père est décédé et il doit reprendre les rennes de l'entreprise familial avec son frère. Il est entrain de vivre le pire. On le sait, mais on ne le voit pas. A l'inverse de Madeleine, tout est en dedans. Comme il le dit, si simplement et avec beaucoup de puissance 'réussir à ne rien faire, c'est ça survivre'.

Ce qui est un affrontement (littéralement) au début du film, se transforme avec un naturel bouleversant en une relation. Il y a échange, compréhension. Il l'apprivoise et elle apprend à l'écouter. Madeleine éprouve son corps comme le coeur d'Arnaud est éprouvé. Parce qu'il a vécu le pire et a survécu, elle apprend de sa douceur. Elle, dégage la force et le courage dont il a besoin.

C'est une histoire de survie. Etre prêt. A l'affût. Prêt pour la fin du monde, mais pas celle qu'ils imaginaient. La fin du monde, tel qu'ils le connaissaient.
Le film se termine sur cette belle image : ils regardent au loin en souriant. Ce qu'il y a au devant d'eux n'est plus à surmonter, mais à vivre.

En conclusion, un très beau film, sensible et lumineux, dont on ressort revigoré, plus fort. On se sent l'âme d'un combattant.