Chronique flash

A l'heure où les grosses comédies-bulldozer continuent de labourer laborieusement le box office il faut s'armer de curiosité pour ne pas passer à côté de cette petite perle qu'est "Les combattants".

Arnaud rencontre Madeleine et en fait son horizon. Madeleine chasse un horizon comme d'autres chassent les moulins. L'un se met à courir vers quelque chose là où l'autre s’arrête et prend le temps de se retourner. C'est donc l'histoire d'une rencontre, d'une collision même.

Ce qui fait le sel de cette romance adolescente, c'est qu'elle s'écrit en lettres de rire. "Les combattants" est une vraie et tendre comédie romantique. Cela tient d'abord évidemment aux personnages que l'on nous propose, Arnaud (Kévin Azaïs), appliqué et serein, terre-a-terre, et Madeleine (Adele Haenel), née Beaulieu, une diplômée d'économie, aérienne, dispersée et sanguine, qui cherche par des discours survivalistes à s'extirper de son quotidien. La confrontation de deux personnalités aussi diamétralement opposées est en soi gage de rires francs, d'autant que le duo fonctionne parfaitement bien, avec une Adele Haenel particulièrement impressionnante...comme si nombre d'Adele s'étaient passées le mot pour se révéler ces derniers temps ^^
Comme théâtre de cette rencontre improbable, l'Armée, offre un terrain de jeu hilarant que le jeune réalisateur occupe avec un certain talent il faut le reconnaître. L'institution militaire, malicieusement présentée aux détours de quelques plans comme un manège de foire ou un château gonflable se dégonflant, accueille pour un stage les deux protagonistes.

S'amorce alors quelques séquences savoureuses où l'absurde le dispute au croquignol, finissant d'enfermer le monde kaki dans ce leitmotiv sans queue ni tête: "Ne pas subir".
Finalement le seul combat mené par Arnaud et Madeleine se déroule sur une berge, un corps à corps à livrer ou plutôt où se livrer, cette collision improvisée au détour d'un "pour passer le temps"...drôle et tendre, à l'image du film.

Une jolie comédie romantique, sans prétentions mais avec une grande générosité et une spontanéité qui manque cruellement à des écritures devenues pontifiantes à défaut d'être humoristiques. C'est frais, c'est drôle, parfois maladroit et bancal (notamment la troisième partie) mais le charme opère à merveille.
Parce qu'un flamby, ça fait franchement pas Para, "Les combattants" mérite votre attention.