Je connais finalement plus Norma Jean Baker, que la star Marilyn Monroe...
Et c'est la raison pour laquelle j'ai préféré voir son dernier film plutôt qu'un autre, en raison du parallèle entre son personnage de Rozlyn et sa propre vie.


Norma Jean Baker restera toujours pour moi, une femme malheureuse, courant après des idéaux qu'elle ne trouvera que partiellement (l'amour, la gloire) ou jamais (des enfants, une reconnaissance réelle de son talent dramatique).
Je n'ai donc jamais été fasciné par le mythe Monroe, présentant une splendide créature un peu cruche et superficielle, mais par ce qui faisait la véritable personnalité de cette infortunée Norma.


On en arrive donc à ce Misfits...


Le tournage fut chaotique (comme tout le monde le sait), Norma jouant à être Marilyn avec ces incessants retards, ses caprices et son état de santé défaillant, Gable s'énervant de ce comportement puéril et se donnant trop dans le côté physique du tournage, blah...


Ce qui donne donc au final, un film lent et dépressif, nous présentant un quatuor de personnages à la croisées de leurs vies respectives: il y a le cow-boy venu d'un autre temps, un jeune gars adepte du rodéo (car ça vaut mieux qu'un salaire), un pilote veuf qui cherche fortune et une femme divorcée qui ne sait pas où est sa place.
Oh, la cinquième roue du carrosse est la meilleure amie de la demoiselle perdue.


Rozlyn (Marilyn, donc) et Isabelle (Thelma Ritter) rencontrent par hasard Guido (Eli Wallach) -pilote d'avion travaillant occasionnellement pour un garage auto- qui lui présente à son tour son ami Gaylord (Clark Gable), qui lui, présentera une de ses connaissances -Perce (Montgomery Clift).
Tout ce petit monde va se mêler et se démêler au gré des situations diverses, présentées dans le scénario...


D'ailleurs, ce scénario n'est finalement pas si important que ça. Vague discours sur les amours perdus et/ou difficile, il parle aussi d'un certain monde qui meurt et d'un autre qui prends progressivement sa place...


Pour moi, l'intérêt est ailleurs. L'intérêt principal réside dans les interprètes de ce drame déprimant.


C'est donc le premier film de Monroe/Gable/Clift que je vois, donc je ne pourrai dire s'ils sont tous trois meilleurs dans ce film que dans d'autres.
C'est avec un regard nouveau que j'ai découvert leurs jeux respectifs.


About Monroe:


J'ai vu des extraits de tous ses films (oh, j'oubliais son apparition dans Eve, où elle incarne...une cruche blonde!) et il en ressort (sur l'unique base des ces courts extraits) que ses rôles ont toujours été peu ou prou "léger". La blonde pulpeuse et charmeuse de service, avec un background aussi mince qu'une feuille de papier.
Comme indiqué plus haut, cette devanture "Monroe" façonnée et vendue par les producteurs, ne m'a jamais intéressé. Et si d'aventure je venais à voir d'autres de ses films, j'aurai du mal à m'y accrocher, car j'aurai en tête Norma Jean et non pas Marilyn...
Bref, elle incarne (ou tout simplement joue son propre rôle) une femme au bord de l'implosion, se cherchant une place dans ce monde si compliqué, fait de violences, de souffrances, de profits et d'opportunismes. Elle recherche avant tout une figure paternelle (tout comme Norma l'a fait durant toute sa vie au travers de ses relations avec DiMaggio et Miller, entre autres) et trouve en ce Gaylord, cette affection rugueuse et protectrice tant convoitée.
Marilyn est toute en sensualité troublante et en détresse affichée par-delà son rôle.


About Gable:


Well...Même s'il n'est pas mauvais, je ne lui trouve aucun charisme. Vraiment! Certains vont crier au scandale mais hey...chacun est libre de penser ce qu'il veut, right?
Donc, Gable ne m'attire ni pas son jeu ni par sa présence. Ce sera le seul et ultime film avec lui, que j'aurai vu.
Bien sûr, il incarne l'homme rustre et viril d'un autre temps, qui tente de faire bonne figure face à Rozlyn, dont il semble amoureux. Mais il est déchiré entre ces convictions d'homme dominant et "libre" et son amour naissant devant cette pauvre femme si fragile psychologiquement.


About Wallach:


Ce bon vieil Eli incarne le seul personnage détestable de ce film. C'est un vil opportuniste rêvant de faire fortune et d'emballer si possible, la belle créature en la manipulant. Mais il en sera pour ses frais et sera abandonné de tous, à la fin de cette crépusculaire odyssée.
D'ailleurs, Wallach gardera ce côté "fripouille" dans ses plus grands rôles (aux hasards Le Bon, La Brute et le Truand, mais aussi le Parrain III).


About Clift:


Personnage un poil transparent comparé aux trio précités, il incarne un personnage au côté juvénile assez marqué, de son obstination à se ruiner la santé en tentant d'être un "as" au rodéo, puis à se "laisser" aller en confidence avec la belle Rozlyn, après l'épisode du bar.
J'ai un peu de mal à retenir son jeu ou même son visage...


En conclusion, ce Misfits m'a paru un peu longuet de ci de là mais le couple Monroe/Gable -de par leur relation compliquée- donne un cachet certain à cet œuvre somme toute assez pessimiste (si l'on exclue la dernière scène, qui semble contredire tout le reste du métrage de par un optimisme fort mal placé) et il est assez étrange de se dire que Monroe et Gable font là, leur dernière apparition à l'écran, ajoutant un ton funèbre à un film qui n'en avait vraiment pas besoin...

Franck_Plissken
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le 26 mai 2016

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The Lizard King

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