Avec une sobriété déconcertante, Les Eblouis raconte l'emprise d'une communauté religieuse sur une famille. Sans jamais pointer du doigt et sans aucun manichéisme, Sarah Suco, dont c'est la première réalisation, s'inspire de sa propre enfance. Elle parvient à décortiquer habilement les rouages d'un sectarisme où l'apparente bonhommie cache une violence oppressante. Rien n'est gratuit, rien n'est surligné par des effets dramatiques mais tout est incarné et profond. Les acteurs sont tous saisissants de vérité, que ce soit Camille Cottin en mère fanatique et aveuglée, Jean-Pierre Darroussin en prêtre faussement bienveillant et surtout Céleste Brunnquell, personnage principal du récit, qui délivre une palette d'émotions riches et très complexes. Et même les plus petits seconds rôles sont tout en finesse, et quand on voit l'économie des effets, ça porte vraiment le film ! J'ai aussi beaucoup aimé la photographie, où chaque source de lumière tente de nous éblouir dans cette obscurité dérangeante fabriquée par l'Homme. Quelques raccourcis dans l'histoire n'auraient pas été de trop mais il est vrai que toute la subtilité du propos tient à la dévotion progressive de la famille. Car c'est dans les détails anodins, dans les longueurs que s'invitent la folie et la perversité. En cela, c'est dérangeant et prenant, parfois même totalement effrayant. L'aspect hallucinant de certaines scènes nous fait oublier facilement, je trouve, les codes d'un cinéma efficace et rythmé en contemplant cette réalité percée à vif. Enfin, Sarah Suco ne signe pas un film militant mais social et rend compte d'une réalité encore d'actualité, silencieuse mais très dangereuse, qui mérite qu'on s'y attarde.

alsacienparisien
8

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le 2 déc. 2019

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