Ô, douce maman, ô, beaux enfants !

Je suis une novice en films d'animation japonais. Je n'y connais vraiment pas grand chose, mais quand je vois un film comme celui-là, la seule chose à laquelle je pense est de me mettre à dévorer tout cru le moindre film d'animation nippon qui me passera entre les dents. Mon regard sur cette œuvre est naïf, mais je suis persuadée que c'est un grand film. Je l'ai d'ores et déjà visionné deux fois (mais je ne saurais m'arrêter là tant le plaisir reste intact) car comme au premier visionnage ce conte réaliste/fantastique m'avait grandement ému, je m'étais promis de le revoir rapidement. Et c'est maintenant chose faite. Ce nouveau visionnage m'était indispensable et tout aussi agréable que le premier, bien que les raisons en ai été différentes. J'ai évidemment de nouveau remarqué, comme à mon premier visionnage, la beauté et la subtilité de l'image, le charme des personnages, la grandeur des paysages,etc. mais lors de ce second visionnage, ce qui m'est apparu plus clairement et et qui m'a émerveillé, ce sont tous les petits détails dont le film fourmille et qui lui donne sa profondeur. Les dessins sont réalistes, lumineux, brillants, délicats ; et les détails sont si nombreux, si fins, si subtiles... c'est un véritable bonheur pour les yeux ! Dès l'introduction du film je me suis sentie captivée, comme happée par cette image si riche et si étincelante ; et – les deux fois – ce n'est qu'au bout des deux heures, quand la tête a commencé à me tourner, que j'ai finalement repris mon souffle, coupé à la première minute. La fin de l'histoire, sans la dévoiler, m'a donné à chaque fois une sensation de soulagement, comme si, malgré moi, je m'étais laissée emporter par mes émotions et que j'avais fini – et c'est là ce qui me fascine dans le cinéma – par compatir sincèrement au sort de cette formidable petite maman.
Je retiens de ce film une fraîcheur inaltérable, celle de la pluie froide qui coule sur les joues, mais aussi une mûre réflexion sur d’existentialistes questions. D'abord, celles du courage et de la persévérance. J'ai été frappée par l'innocence de cette jeune mère, par tout l'amour qu'elle est prête à donner, tout le courage dont elle fait preuve et tous les sacrifices qu'elle n'hésite jamais à accomplir. Son évolution, de la figure de jeune fille ingénue à celui de mère aimante, est si subtilement saisi qu'il est impossible de dire précisément à quel moment elle est passée de l'une à l'autre. C'est impossible et c'est tant mieux, car c'est comme cela que va la vraie vie et comme cela que changent véritablement les gens. Le message que nous transmet ce conte, ou pourrait-on même dire cette fable, est celui de la tolérance, du respect des différences et de la liberté pour chacun de choisir ce qu'il estime être le mieux pour lui-même. N'est-ce pas là le plus beau des messages ?
Les destins divergents que prennent les deux adorables enfants sont les sujets principaux du film, mais disséquer leur substance n'aurait pas grand intérêt et m'obligerait à dévoiler l'intrigue. Ce que je m'autorise seulement à commenter, c'est le talent avec lequel leurs personnalités respectives ont été imaginées et façonnées. Car ils ont beau être de petites créatures fantastiques, des enfants-loups, leurs dilemmes et leurs combats intérieurs font écho à des situations tout à fait réalistes, connues et familières. Les Enfants loups, Ame et Yuki, est donc selon moi un fort joli conte qui invite à réfléchir sur d'honorables questions. L'autre. La différence. L'amour. La confiance. Le respect. Le partage. La solidarité. La liberté. Le choix. Un vaste programme, que j'accepte volontiers tant l’œuvre qui le contient est admirable et rafraîchissante.