J'ai encore rêvé d'elles...

Elles, ce sont Les Griffes de la Nuit. Un vieux gant de travail déchiré aux doigts duquel ont été fixées quatre lames de couteau aussi tranchantes que des rasoirs. Le générique ouvrant le film nous montre la fabrication de cet accessoire de sévices et de meurtre devenu tout aussi iconique que le personnage qui le porte. Sur un son combinant musique angoissante, bruitages stressants et la respiration glauque et lancinante du dit personnage, cette courte scène annonce l'ambiance du film : malsaine, oppressante, anxiogène, suintant la mort et un brin sadique. Et surtout, surtout, cauchemardesque.

Le cauchemar est au centre du film, comme le mentionne le titre original du métrage, et le génie du script en a fait cette utilisation inédite : un tueur peu ordinaire massacre de jeunes adolescents non pas dans le monde réel mais dans leurs propres songes. Sur ce synopsis astucieux est née une des plus célèbres franchises du cinéma d'horreur et un des plus célèbres monstres du 7ème art : le déjà évoqué deux fois dans cette critique Freddy Krueger, sorte de croquemitaine au look vestimentaire incongru, dégaine décalée et visage calciné, jadis tueur d'enfants brûlé vif et aujourd'hui chimère meurtrière voyageant dans les rêves de ses victimes. Qu'il tue pour de vrai avec ses griffes de la mort.

Le film a beau avoir vieilli, la plupart des acteurs ne pas être hyper inspirés (même le jeunot Johnny dans son tout premier rôle), Freddy est bluffant de classe et justifie à lui seul le statut de chef d'oeuvre du film aujourd'hui encore. Son plaisir à terrifier et tuer, son humour noir mortel, son rire, ses mimiques lubriques et obscènes, ses facéties macabres rendent chacune de ses apparitions attendues avec hâte malgré la peur qu'il inspire. Et laissent une impression de rareté à ces dernières tant le personnage crève l'écran. Le tout rehaussé par l'aura de mystère autour de lui que même l'explication de ses origines ne lève pas. (NB : Je précise n'avoir vu que ce film de la saga pour le moment).

Visionné très récemment pour la première fois, j'attendais ce film au tournant, partagé entre la curiosité de connaître les origines d'un tel mythe et la conscience que le film est déjà trentenaire, et j'ai été impressionné par l'efficacité qu'il a su garder. Une efficacité pas même gâchée par la fin maladroite, qui, si elle repose sur une bonne idée, aurait mérité d'être bien meilleure vu le film qu'elle conclut.

Pour revenir sur le thème du cauchemar, j'adore aussi l'idée que certains spectateurs marqués par le film ont du rêver de Freddy, donnant au film un écho original et particulier.

Sur ce, l'heure tardive me commande d'aller me coucher : je vous souhaite une douce nuit et de beaux rêves.