Certes Christophe Honoré avait écrit pour la jeunesse ( mais des oeuvres mièvres), mais ses précédentes adaptations pour le cinéma de Georges Bataille ou de la princesse de Clèves n'auguraient pas de le trouver sur l'adaptation de ce chef d'oeuvre de la littérature bien pensante et aux allures un poil surannées. Sur l'écran, "Les malheurs de Sophie" ( et " Les petites filles modèles"), passées dans le tamis Honoré ont, il faut l'avouer, fière allure.
S'il a gardé toute l'esthétique de l'époque, des châteaux jusqu'aux costumes, l'histoire originale et ses célèbres bêtises, il a par contre sérieusement dépoussiéré l'ensemble, en envoyant valser tout le côté eau bénite ( il a juste gardé un abbé assez libidineux, joué avec gourmandise par Michel Fau)et donc moralisateur et les enfants trop sucrés et écoeurants de mignardises. Il apparaît à l'écran le remarquable portrait d'une petite fille entrée en résistance face au un monde d'adultes dont elle a parfois du mal à comprendre certains ressorts. En développant le rôle de la mère, neurasthénique et délaissée par un mari absent, le réalisateur apporte une touche d'ombre et de profondeur à une première partie franchement solaire. Et sans se départir de ce regard malicieux qu'il porte sur l'enfance, que la deuxième partie, franchement plus sombre et hivernale, complète le tableau en dévoilant une Sophie dont la volonté de fer la classe dans la catégorie des grandes héroïnes féministes ! Et ce n'est pas la seule prouesse de ce film ! On sent durant presque deux heures combien la caméra de Christophe Honoré s'est amusée à filmer ces enfants, tous absolument sublimes de naturels, jamais dans le cabotinage, toujours dans l'enfance.
La fin sur le blog
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