Ou comment oublier le public

Quel bordel mais quel bordel

D'une idée qui lui est venu au moment des attentats en France, Mouloud Achour se met au travail pour dénoncer avec décalage la stigmatisation des étrangers et le voyage en absurdie que constitue la France moderne. Alors sur le papier, c'est bien et l'idée peut donner du bon. Seulement, une fois sorti de la salle, une fois qu'on a vu comment l'idée a été appliquée au niveau de l'écriture, du rythme, de l'acting et de la réalisation, tout devient flou et extrêmement bordélique.

Pour commencer, parlons donc du message du film. J'ai atteint le générique de fin en étant peu sur de ce que Mouloud Achour a voulu raconter, tant la multiplicité des intrigues, le changement de point de vue constant et les différents registres comiques explorés m'ont mit dans le flou. Et le pire c'est qu'en parlant avec une personne concernée par la question, lui aussi était tout aussi perdu. Le film part beaucoup trop dans TOUTES les directions possibles, veut créer un absurde bazar qui fonctionne trop peu, et une fois qu'on atteint l'acte 3, on n'est toujours pas sur de ce qu'on vient de nous raconter de comment on doit l'aborder avant le final qui achèvera de rendre le tout confus.

En terme d'humour, ça varie entre quelques bonnes blagues bien senties et d'autres qui sentent bon l'auto-référence inutile. Le plus gros problème résidera dans le rythme des sketchs et où est ce que la blague doit s'arrêter : on met en place la situation, on emmène la blague jusqu'à son point culminant, et une fois les rires déclenchés, le film sans aucune confiance en lui décide que la blague ne doit pas s'arrêter et va lourdement la laisser continuer. C'était d'un triste à voir, de bons sketchs gâché par un réalisateur qui ne sait pas juger quand est ce que la blague doit s'arrêter.

L'acting varie entre le très bon (Bajon, toujours ma découverte préférée de l'année) et la surprise de voir des acteurs // comédiens subir une mauvaise écriture, une mauvaise direction et jouer avec deux pieds gauches (tu as déjà fait tellement mieux Kyan). Niveau réalisation, si certains moments se révèlent appréciable (toute la présentation de Jésus), dans l'ensemble tout cela ressemble plus à une création originale canal + calé à 19h qu'à une vraie proposition de cinéma, tant le travail du cadre se révèle parfois d'un pauvre absolu.

"Les Méchants" souffre avant tout d'une énième situation qui se répète, celle où une personnalité médiatique se lance dans la réalisation sans savoir comment qu'on fait le cinéma, et ou elle ne va prendre aucun recul sur le film, sur ce qu'il faudrait corriger, cherchant avant à ce que tout ses potes aient leur moment de gloire. Un mélange amer et rance, celui du film de pote qui a oublié le public lorsqu'ils faisaient le film. Une déception, tout simplement.