On m'avait dit : « tu ne tiendras pas un quart d’heure ». J'avais donc décidé de passer mon chemin. Et puis il y a eu les Oscars durant lesquels j'ai vu quelques extraits. Encore une fois, ce principe des chants chevrotant à tour de bras et à chaque phrase m'a inspiré le rejet. Mais bon... A force d’en entendre parler, et d'être exclu des « private jokes » de mes potes sur le sujet, j'ai finalement décidé de m'y rendre.
Pourquoi préciser tout cela dans cette critique ? Eh bien juste pour que vous compreniez mon état d'esprit très négatif en allant voir ce film car – ô surprise – les premières minutes que j'en ai vu m'ont séduites, si bien que j'ai pu croire un instant au miracle. Oui, la photographie est magnifique, le rendu visuel global de l'époque a vraiment de la gueule, et le premier passage chanté n'est pas si dégueu que ça.
Enfin le courant romantique français va-t-il avoir un digne représentant au cinéma ? ...Eh bah en fait, non. Du moins, c'est ce que j'en ai pensé par la suite. Malgré la véritable conviction de Hugh Jackman et d'Anne Hathaway, ces "Misérables" se tirent une balle dans le pied toutes les deux minutes.
D'abord, il y a le problème de ces chants. Je sais : c'est une comédie musicale. Mais franchement, au point de faire chanter des dialogues comme « passe-moi le sel. », « t'as pas dix francs ? » ou encore le tube de l'été « Monsieeeeur le maire » ? C'est juste insupportable car ça flingue la possibilité de s'immerger. Surtout que, il faut bien l'avouer, certains comédiens sont juste de véritables casseroles, l'Oscar des causes perdues allant pour cela à Russel Crowe sans hésitation.
Mais ce qui à pour moi achevé le film, et qui a fait que je l'ai quitté au bout d'une heure, c'est son incapacité à tenir un cap jusqu'au bout. Au lieu de servir le film, la comédie musicale est un tapis dans lequel Tom Hooper se prend les pieds en permanence. D'une part les quatre cinquièmes des chants n'ont juste aucune mélodie, si bien qu'ils n’ont pour unique conséquence que de ralentir la narration. D'autre part, l'obligation qui est faite de mettre des scènes chantées partout conduit certaines d'entre elles à basculer dans le Disney de bas-étage, digne des théières qui chantent. C'est le cas notamment des passages concernant les Thénardier qui sont justes INSUPPORTABLES de balourdise.
Non mais merde quoi ! De la balourdise dans une adaptation d'un roman de Victor Hugo ??? Je veux bien qu'entre ce film et l'œuvre originale il y a eu plein de projets qui se sont intercalés entre temps, mais quand même ! Et c'est d'ailleurs le dernier gros point noir, c'est ce fuck monumental que ce film est à l'œuvre originale. Qui a lu le roman (même sans l'avoir forcément apprécié) ne peut que vomir à certains passages clefs de l'intrigue. Et encore, je ne parle même pas de la plâtrée d'anachronismes et de fists fait à l’Histoire de France que ce film enchaîne allègrement.
Enfin bon... Tout ça pour dire : je veux bien qu'il parte d'une noble intention, j'entends qu'à quelques rares moments le film fonctionne, mais franchement, dans l'ensemble, ces "Misérables" sont juste une véritable purge. A éviter donc, quoi qu'en disent les papys de l'académie...