Critique de "Les Nerfs à Vif" par Lucas BARAN

En 1991, Martin Scorscese décide de réaliser le remake du film "Les Nerfs à Vif, et ça n'est pas pour nous déplaire.


Comment ne pas aimer ? Max Cady, ancien violeur pédophile, est, après quatorze ans de prison, relâché. L'ancien criminel décide de partir à la chasse de son ex-avocat, qui avait refusé de le défendre correctement. Avec ce remake, Scorscese nous offre un thriller incroyable, ayant pour seul but de nous impressionner. Nous commençons sur une enfant, relatant un fait l'ayant traumatisé pour un exposé, puis nous passons directement à une caméra mouvante, se balladant entre des photos collées au mur, en ryhtme avec la terriffiante mélodie de Bernard Hermann. La caméra continue son chemin en nous dévoilant le physique incroyable de Max cady (Robert de Niro) en train de finir ses exercices de musculations. Puis, elle le suit, de dos, dévoilant ses tatouages à l'esprit vengeur, jusqu'à le laisser en liberté. Avec ce plan séquence d'une grosse minute, Scorscese nous informe de suite: ce personnage est bad-ass. Et au contraire, lorsqu'il va nous présenter la famille de l'avocat de Cady, il va nous montrer une petite famille bien normale, tranquille, sans grande extravagance, et on comprend qui sera le loup, et qui seront les agneaux.


Scorsese hait la tranquilité. Il hait les gens trop propres sur eux. Et cela, il nous le montre très frontalement dans l'exposition de l'avocat, en nous dévoilant de suite un être ennuyeux et qui plus est, fourbe, car nous le voyons flirter avec une jeune étudiante éperdumment amoureuse de lui, alors qu'il ne veut ps coucher avec elle, puis nous le voyosn rentrer chez lui et faire l'amour avec sa femme comme s'il n'avait rien à se reprocher. La est la différence avec le film original, c'est que Scorscese va nous styliser Max Cady, et nous dégoûter des bonnes gens, afin que l'on passe du côté du diable.


Ce film, Scorscese nous le narre d'une manière très kitsch, voir nanardesque, mais avec la force Scroscessienne en plus. Gros plan sur gros plan sur gros plan, et des zooms incessants, agrementés de la musique lourde de Hermann, afin d'appuyer la tension des scènes. Puis ces transitions nets d'une scène à une autre, ou la musique nous explique trois minutes avant l'acte, qu'il va se passer quelque chose d'affreux. Ce film, a cette force d'être un vrai thriller à la Fincher, tout en ayant le kitsch d'un film de série B. Cette réalisation voulue "sale", est-elle une idée de Scorscese pour nous mettre du côté du personnage sale ?


S'il y a une scène ou Scorscese pousse la tension à son maximum c'est dans celle ou Max Cady charme la fille de son avocat. Cette scène est longue, très longue, et n'est découpé qu'en un champ/contrechamp des plus simples. Cady se fait passer pour le prof de théâtre de cette fille, et lui donne rendez-vous dans un théâtre. Scorscese joue le jeu, et nous filme tout cela comme du théâtre, en nous exposant seulement des comédies s'échangeant des dialogues, sans sound-design, ou découpage complexe du cinéma.


Max Cady est ce genre de criminel stylisé au point qu'on aimerait avoir sa vie. Et Scorscese joue tellement avec cela qu'il en abuse, au point que certaines scènes deviennent drôles, sans pour autant être ridicules. Ce film a un semblant de nanar, mais qui semble contrôlé.


Pour deux séquences du film, Scorscese s'amuse à utiliser le négatif. Une fois lorsque l'avocat et sa femme couche ensemble, et la deuxième fois lorsque l'avocat rêve que Cady le fixe en train de dormir. Ces scènes sont troublantes, et la explication/référence que j'ai trouvé me semble être encore une fois, un hommage aux films d'horreur de série B, ou le négatif était souvent utilisé de manière aléatoire pour exprimer la folie.


Selon moi, ce film repose sur deux chose. Le traitement de ces personnages, et sa forme cinématographique. Il n'y a pas de fond, mais il est tout simplement une démonstration de réalisation et de mise en scène cinématographique. Scorscese veut tout simplement nous faire ressentir, et il le fait très bien en donnat tout les torts à un homme jugé bon, et en mettant sur un piédestal un homme étant un ancien criminel.

LucasBARAN
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 23 nov. 2017

Critique lue 168 fois

LucasBARAN

Écrit par

Critique lue 168 fois

D'autres avis sur Les Nerfs à vif

Les Nerfs à vif
Gand-Alf
8

Apprenez le sens du mot "echec".

On pense souvent qu'un remake est une entreprise simplement racoleuse et purement inutile d'un point de vue strictement artistique. Monumentale erreur. Car si les exemples de mauvais remakes...

le 4 juil. 2014

44 j'aime

2

Les Nerfs à vif
Truman-
7

Critique de Les Nerfs à vif par Truman-

Scorsese délivre ici un thriller froid et sans pitié ou un ancien détenu va se mettre a harceler son ancien avocat qui n'avait rien fait pour le défendre . L'ambiance est pesante souvent oppressante...

le 12 août 2013

32 j'aime

4

Les Nerfs à vif
Docteur_Jivago
8

La Bête

En signant une nouvelle version de Cape Fear, après celle remarquable de J. Lee Thompson en 1962, Martin Scorsese nous emmène dans un univers sombre et malsain où le mal, plus ou moins dissimulé,...

le 29 nov. 2019

29 j'aime

7

Du même critique

Spring Breakers
LucasBARAN
6

Etonnant

La critique est simple et brève : scénario pourri, acteurs et actrices pourris, esprit du film pourri, mais une réalisation magnifique qui lui vaut un 7/10 !

le 18 janv. 2016

3 j'aime

1

Les Sentiers de la gloire
LucasBARAN
7

Une autre vision de la guerre.

Un film magnifique, froid et lugubre. Comme d'hab, l'esthétisme de Kubrick est au top, et l'histoire est très prenante. Je m'attendais à un film basique sur la Première Guerre Mondiale, démontrant...

le 22 sept. 2015

3 j'aime

Vendeur
LucasBARAN
5

Tuez moi ce cadreur !

J'allais voir je ne sais plus quel film au cinéma et, au moment des bandes annonces, je vois celle de "Vendeur". Je me dis "Chouette, un film français populaire qui a l'air de sortir du lot!"...

le 19 mai 2016

2 j'aime