Le saviez-vous : les employés de la TV sont contrôlés par leur patron, eux même tenus par les profits. Évidement que vous le saviez. Le soucis, c'est que tout le monde le sait mais personne n'en connais les ficelles et les liaisons. Ce film documentaire vous en livre une partie, une importante partie. Tout du moins l'essentiel pour commencer à comprendre que votre télévision est votre principal patron.
Chacun de nous a un jour été confronté à la malhonnêteté du travail, peu être de son travail. Comme cette Claire Chazal qui se défend bec et ongles contre Bayrou qui dénonce les liens entre elle salarié de Martin Bouygue son employeur propriétaire de TF1. Elle sait qu'elle ment, que c'est malhonnête par rapport à sa profession de « journaliste » passant en prime time au journal de 20h. Elle ment honteusement tout en éclaboussant sa profession devant presque 10 million de téléspectateurs. Ça c'est une perf que peu d'entre nous peuvent se venter d'avoir réalisée. Soyez malhonnête, travaillez bien et vous gravirez les échelons plus vite que n'importe quelle personne respectueuse de son prochain et de son travail. Sans parler de Giesbert et Joffrin qui, en toute simplicité, affirment que les journalistes doivent se pliés aux ordres de leur patron et ne pas publier de frasques lié aux actionnaires. Même si celles-ci nuisent à l'objectivité et au droit à l'information. Mais à mon sens, l’apogée du film se situe au moment ou l'on nous présente « Le Siècle », un club privé où se côtoient patrons, politiques, journalistes et « experts » de tout bort, un comble quand on les voit se chamailler sur les plateaux TV. Non pas qu'ils ne peuvent être amis dans la vie de tout les jours et avoir des opinions divergentes. Ce n'est pas cela, ce club leur permet de s’organiser, de se voir et de parler entre élite dirigeante et maître à penser télévisuel. Ce qui n'est pas drôle, c'est qu'il est impossible de parler de complot puisque de toute façon ils ne s'en cachent pas. A oui, dernier point important, l’accès à ce club se fait par cooptation, tout est dit. Et quand on se souvient comment tout ce petit monde a hurlé à la mort sur les publications de Wikileaks, leurs jérémiades semblent bien ridicules après ce docu...
Les Nouveaux Chiens de garde ressemble beaucoup à 2084 de Chris Marker qui prédisait déjà, dans un autre registre, la connivence malsaine entre le pouvoir et des organes devant êtres normalement apolitiques. De plus, ce documentaire applique scrupuleusement l'une des règles de la sociologie, comme le disait Bourdieu : connaître les origines sociales de son interlocuteur afin d'évaluer son discours. Avec cela en tête, le documentaire en deviendrait presque inutile tellement ce précepte s'applique aux salariés des grands média. Il n'y a pas une phrase sortie de leur bouche qui ne soit pas guidée par un interet personnel. Et comme le dit Michel Naudy dans le docu en parlant des têtes d'affiches de la TV: « si vous restez, vous ne restez jamais à l'antenne impunément. Jamais. ».
Alors, finalement on ne gravis pas les échelons sans écraser quelques uns de ses voisins. C'est plutôt connus, voir accepté et même conseillé dans de plus en plus de métiers. Mais quand il s'agit de personnes ayant le pouvoir de jouer avec l'opinion public, ce comportement arriviste et carnassier est incompatible, car les voisins en question c'est le public. Ces personnes sont purement et simplement des marionnettes bien payées. Alors si un jour vous rencontrez un révolutionnaire, sachez que son but n'est peu être pas de soulever le peuple mais plutôt d'obtenir une chaude place à la TV. C'est ce que raconte ce documentaire extrêmement bien monté et documenté. Trop rare pour être loupé, merci Internet !