Pamphlet cinglant autour des concomitances entre médias et politique, les nouveaux chiens de garde est d'abord une adaptation cinématographique de l'essai du même nom de Serge Halimi paru en 1997 et réédité en 2005. Traquant les affinités politiquo-médiatiques et les contradictions néo-libérales sur plus de 40 ans de télévision, Gilles Balbastre et Yannick Kergoat décortiquent les dangers de la pensée unique à coup d'animations chocs et d'interviews décapantes. On saluera au passage le gros travail d'archives effectué par Serge Halimi et toute son équipe, les images appuyant régulièrement et de manière frontale la contre pensée auquel le documentaire supporte l'idéologie.
On pourra reprocher au procédé son simplisme et sa candeur populaire (comme l'atteste les critiques littéraires, fièrement exposées le générique venu, des «journalistes» concernés dont on vous laisse deviner la teneur), car il est vrai que le documentaire se laisse parfois aller au raccourci facile et au montage influencé. Mais par son travail journalistique et sa lisibilité pédagogique, les nouveaux chiens de garde conserve son utilitarisme, sa contre-culture, n'hésitant pas à traiter de tous les sujets : pluralisme, indépendance, objectivité, tout est attaqué. On sent l'assiduité, l'engagement des journalistes à parler de leurs propres métiers pour mieux en signaler les failles. Le rapport à l'histoire, l'enfumage des consciences, l'indifférenciation des sources de pouvoirs, tout trouve à qui parler au sein de ce brassage didactique qui nous permet d'y voir plus clair dans ce brouillard opaque où se mêlent intérêts financiers, pressions mondialisés et complicités mutuelles.
On en ressort grandi, forcément informé, parfois influencé mais jamais manipulé. Gilles Balbastre et Yannick Kergoat livrent une dénonciation cinématographique au graphisme généreux qui flatte l’œil et travaille le cerveau. Édifiant.