Hommage respectueux au film noir

Le concept fait rêver et constitue un véritable tour de force, car parvenir à rassembler autant d'extraits des grands classiques du film noir hollywoodien des années 40, et à les intégrer parfaitement à l'action réelle des scènes avec Steve Martin et Rachel Ward, grâce à un travail minutieux de costumes (crées par la grande Edith Head, son ultime film), de raccords de décors, de photo en noir & blanc, de montage et de noms de personnages, c'est tout simplement prodigieux.
Malheureusement, le film n'est pas servi par un scénario plus solide, on a l'impression que chaque star vient faire son petit tour juste pour valoriser le film, mais l'intrigue reste désespérément plate et sans saveur, et en plus très compliquée. Steve Martin en insupportable cabotin, pouvait foutre en l'air complètement un tel exercice de style, mais il fait heureusement preuve de retenue en jouant un "privé" dans le style de Marlowe, et se livrant à une enquête traitée en forme de parodie comique (avec quelques gags absurdes), même si elle est respectueuse, en rencontrant les stéréotypes du genre.
Il croise au détour de plans habilement remontés un cheptel de stars comme Bogart, Cary Grant, Alan Ladd, Lana Turner, Gloria Grahame, Barbara Stanwick, Ava Gardner, James Cagney ou Burt Lancaster... dans une collection de chefs-d'oeuvre (les Passagers de la nuit, Soupçons, la Clé de verre, L'enfer est à lui, le Facteur sonne toujours 2 fois, Assurance sur la mort, le Grand sommeil, Tueur à gages...).
Rachel Ward joue parfaitement la femme fatale et resplendit de beauté, la photo est traitée dans un somptueux noir & blanc avec le même grain que les films d'époque, la musique est dans le ton de celles de Max Steiner, bref c'est un hommage et un vrai plaisir pour les cinéphiles qui s'amuseront à reconnaitre les extraits de films, il reste regardable rien que pour l'aspect insolite des apparitions des monstres sacrés hollywoodiens, je l'ai revu hier soir et j'ai bien apprécié les multiples clins d'oeil, mais qui peine à convaincre par son histoire, et on se plait à penser au résultat s'il y avait eu un scénario plus travaillé.