La réalisatrice Chloé Zhao d'origine sino-américaine nous entraîne avec «Les chansons que mes frères m'ont apprises» son premier long-métrage dans la réserve indienne de «Pine Ridge» dans le Dakota du sud. Tourné en immersion totale à la manière d'un documentaire, le film suit le quotidien de ces oubliés de l'Amérique que sont ici les indiens Lakota. Parqués dans la réserve, les habitants de «Pine Ridge» vivent dans des baraquements de fortune, certainement temporaires avant qu'ils ne deviennent définitifs, une façon pour la réalisatrice d'appuyer l'abandon de cette communauté par les gouvernements successifs. Chloé Zhao recentre son récit sur le jeune Johnny Winters (John Reddy, véritable indien Lakota né dans la réserve). La vie de johnny oscille entre le dressage de chevaux sauvages, le trafic d'alcool, lui permettant de vivre, lui, sa mère et sa petite sœur Jashaun (Jashaun Winters, la révélation du film). Ayant terminé ses études, Johnny souhaite quitter la réserve avec sa petite amie Aurélia (Tashya Fuller) futur universitaire à Los Angeles. Johnny est le soutien de famille depuis que son grand frère Cody est en prison. Comment annoncer sa décision de partir à sa petite sœur ? Et c'est justement sur la petite Jashaun que Clhoé Zhao sera focus sur la dernière partie du film. Jashaun âgée d'à peine 12 ans va devoir faire face pour la première fois à la mort, celle de son père Bill, une figure de la tribu des Lakota avec ses 9 épouses et ses 25 enfants. un homme qu'elle a peu ou pas connu. Mais la plus grande crainte de Jashaun est de voir son frère la quitter. La réalisatrice nous livre un récit, intimiste et féministe à travers la jeune Jashaun qui fait partie de la 7ème génération, le chiffre 7 apparaissant plusieurs fois dans le film, un chiffre empreint de superstition mais aussi d'espoir, l'espoir de revoir un jour la grandeur du peuple Lakota. Et si l'avenir était effectivement dans la fuite ? Comment quitter ses magnifiques paysages façonnés par le vent ? Et surtout comment quitter une terre ancestrale où le sang des Lakota (référence au massacre de Wounded Knee, cité dans le film) ne fait plus qu'un avec la terre ? Le poids des traditions est souvent un fardeau lourd à porter !

RAF43
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 9 mai 2018

Critique lue 218 fois

2 j'aime

RAF43

Écrit par

Critique lue 218 fois

2

D'autres avis sur Les Chansons que mes frères m'ont apprises

Les Chansons que mes frères m'ont apprises
limma
7

Critique de Les Chansons que mes frères m'ont apprises par limma

Chloé Zhao s'attache par la quête d'identité de porter l'enjeu sur une communauté toute entière, d'autant qu'il s'agit de confronter encore une fois, l'Amérique à sa propre histoire. L'appartenance...

le 1 sept. 2018

15 j'aime

4

Les Chansons que mes frères m'ont apprises
eloch
6

Regards croisés

A l’image de son affiche américaine, Les chansons que mes frères m’ont apprises est tiraillé entre l’immobilisme et l’éparpillement, tout en nous montrant à quel point des deux états sont loin d’être...

le 11 sept. 2015

8 j'aime

Du même critique

47 Meters Down
RAF43
1

"Dans l’océan, personne ne vous entendra crier, de toute façon on s’en fout !!"

Il était une fois deux Américaines, Lisa et Kate, frangines et siamoises, deux têtes pour un cerveau qui s'ennuyaient fermes durant leur séjour au Mexique (c'est bien connu, quand on a vingt piges,...

le 1 oct. 2017

16 j'aime

3

Golem : Le Tueur de Londres
RAF43
8

"La rumeur qui tue !"

Juan Carlos Medina, réalisateur américain d'origine ibérique, s'était fait connaître, en 2012 avec son troublant "Insensibles" et sa horde d'enfants indifférents à la douleur dans une Espagne...

le 24 janv. 2018

15 j'aime

3

Light of My Life
RAF43
8

"La Fille de l'Homme !"

Dans un futur indéterminé, la population féminine a été éradiquée en quasi-totalité par une épidémie (décidément, c’est la mode en ce moment). Un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (la...

le 3 août 2020

14 j'aime

4