Le problème pour un réalisateur italien qui s'avance dans la critique de son propre milieu (la vraie gauche) c'est que la place est squatté de façon intimidante par un réalisateur de génie : Nanni Moretti. Moretti, ironise, utilise le montage, la prise directe (image et son), brouille la frontière entre documentaire et fiction. Il utilise tout ce que l'art cinématographique peut offrir à un artiste pour se livrer à un massacre sanglant, sans concession de la scene politique italienne et flingue aussi bien les communistes que Berlusconi et ses amis fascistes. Ivano De Matteo qui semble porter le même regard sur sa famille politique (l'hypocrisie des communistes bourgeois incapables de concilier leur pseudo idéaux avec leur vie) a décidé de s'éloigner de la figure imposante de Moretti pour loucher vers le cinéma français. C'est plutôt une bonne chose d'avoir évité la catastrophe "du-film-de-gauche-à-la-Moretti" seulement quelle idée d'être tombé dans le piège opposé du "film-de-gauche-bien-pensant-à-la-Bacry/Jaoui". En même temps c'est un moindre mal, c'est plus facile de se hisser au niveau du cinéma bobo français qu'à celui de Moretti.
ça se laisse voir comme on dit.
("et puis, l'Italie, même sous Berlusconi" comme me l'a lancé une fois un Malien de Vénétie, "c'est toujours mieux que la France sous Sarkozy, au moins ici il y a du soleil" Je lui donne pas tort pour, le soleil et j'ajoute la langue, Nanni Moretti. Pour le reste c'est à discuter. Pour ça aussi que je préfèrerais toujours un film moyen italien, qu'un film moyen français.)