Thanos, berger extrêmement pauvre vit seul avec sa mère et travaille pour Vlahopoulos, le riche propriétaire local. Il ne sait ni lire ni écrire et est moqué et rejeté par tous. Entre la pression de sa mère qui refuse son départ pour l'Australie et essaie de le placer auprès de Despina, la fille du riche propriétaire et Yankos, le soit-disant ami qui ne se comporte pas mieux que les autres avec lui... Thanos finira par s'enfuir avec Despina.


"Les Pâtres du désordre" tient tout d'abord du portrait acerbe -et sans doute assez fidèle- de la société rurale grecque de cette époque et personne n'en sort indemne : Les bourgeois, la religion, le poids du patriarcat et de la tradition... l'ordre établi quoi. Tous en prennent pour leur grade.
Au milieu de ça.. Thanos, paria de cette société, la rejette en bloc dans un grand élan de liberté qui entraine avec lui Despina, la fille du riche propriétaire local convoitée par tous... pervertissant du coup cette digne représentante de la société conservatrice (belle, sage et obéissante envers son père).


Non seulement le film ne manque jamais d'humour dans le ton avec lequel il se moque de tout ce monde, mais une autre de ses particularités est qu'il fleure un peu avec le fantastique d'autant plus qu'on approche de sa fin. Je ne pense pas qu'il faille trop chercher de réalisme dans l'évasion de Thanos et Despina, ni dans l'aboutissement de tout ça. Je pense plutôt que la soif de liberté qui motive nos deux protagonistes s'exprime aussi dans le ton que choisi Nikos Papatakis -le réalisateur- pour ce récit.


De par ce mélange de satire sociale et politique et cette liberté dans la narration, j'ai logiquement vu dans "Les Pâtres du désordre" un lien de parenté avec les films de Bunuel et de Fellini. J'ai aussi pensé aux "Oiseaux, petits et grands" de Passolini.
Il ne serait d'ailleurs pas surprenant que ces similitudes de ton et de propos (d'approche du cinéma) puissent trouver en partie leur source dans les destins communs qu'ont connu ces trois pays méditerranéens : Tous les trois ayant connu la dictature. Celle des colonels ne se terminant en Grèce qu'en 1974 et celle de Franco, en Espagne en 1975.

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le 7 avr. 2020

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