Les formules préfabriquées proclamant que Life constitue un croisement entre Alien et Gravity, ou quelque autre film semblant comprendre des similarités plastiques, suffisent-elles à réellement appréhender le dernier représentant en date de ce genre de films trop rares et trop rarement bons que sont les horreurs spatiales ? Il faut avouer que la tentation d’ignorer sa sortie était assez forte, la bande-annonce laissant présager d’un film extrêmement dérivatif, porté par un réalisateur aux travaux pas toujours convaincants. Grand bien nous en a donc fait de répondre à l’appel de la curiosité, Life se révélant être certes inégal et perfectible, mais aussi et surtout une belle plongée dans les méandres de l’horreur cosmique.


Dans un futur très proche, l’équipe d’astronautes occupant la station spatiale internationale se prépare à réceptionner un module revenant de Mars avec des échantillons. Ses membres, qui comptent le médecin David Jordan (Jake Gyllenhaal), l’envoyée du CDC Miranda North (Rebecca Ferguson), le microbiologiste Hugh Derry (Ariyon Bakare), le technicien Rory Adams (Ryan Reynolds), le pilote Sho Murakami (Hiroyuki Sanada – déjà Commandant du vaisseau dans Sunshine) et le capitaine Ekaterina Golovkina (Olga Dihovichnaya), anticipent avec excitation les potentielles découvertes que permettront leur analyse. Très vite, la nouvelle d’une forme de vie martienne se propage : les astronautes ont à bord de la station un organisme extra-terrestre aux propriétés incroyables. Baptisé « Calvin » par des élèves terriens tirés au sort, l’être en question présente une croissance et un comportement qui finira par mettre en danger tout l’équipage, si ce n’est plus…


Laissant ses intrigues pédestres et oubliables derrière lui, le réalisateur suédois Daniel Espinosa prend son envol avec Life, un film écrit par Rhett Reese et Paul Wernick. Le duo, connu pour ses scénarios reposant sur un humour méta répétitif (Zombieland, GI Joe: Retaliation, Deadpool), change ici totalement de registre. Le passage à un script premier degré semble leur avoir fait le plus grand bien, ces derniers parvenant à mettre en place un cadre immersif habité de personnages rapidement identifiables. Ils s’attaquent ainsi au genre de l’horreur spatiale, placé au firmament du cinéma et largement codifié par Alien, puis habilement augmenté avec The Abyss, Sunshine et, dans une moindre mesure, Starship Troopers. Même en considérant l’œuvre fondatrice d’Andreï Tarkovski, Solaris, et l’immense The Thing de John Carpenter, comme en faisant partie, ce genre semble se caractériser par une indéniable pauvreté en grands films de qualité. Face à eux, les quelques exemples datant des années 1950 souffrent désormais (pour la plupart) d’une approche esthétique trop pulp et d’un traitement superficiel, tandis que les nombreuses séries Z produites en continue depuis les années 1980 constituent malheureusement la majeure partie du corpus (de Creature, Star Crystal et Galaxy of Terror, jusqu’à Doom et Apollo 18).


Entamant son long-métrage par un habile plan-séquence qui nous présente à la fois la station, son équipage et leur mission actuelle, Espinosa fait immédiatement preuve d’une ambition assurant à son film d’appartenir au haut du panier. Sa réalisation est, pour l’essentiel, maîtrisée. Choisissant de rester proche des personnages, il limite les plans orbitaux de la Terre pour se concentrer sur l’intérieur confiné de la station, qu’il transforme progressivement en espace à la fois claustrophobique et labyrinthique. Quoi que semblant flotter avec les personnages (eux-mêmes en apesanteur continue), sa caméra objective offre des plans stables et fluides.


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Cygurd
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le 3 mai 2017

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Film Exposure

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