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La boule au ventre pendant près de deux heures
Saroo, incarné par l’attendrissant jeune acteur Sunny Pawar, est un personnage plus qu’attachant. Dès les premières minutes, on croit en ce petit garçon perdu au milieu d’un Inde dangereuse pour les enfants. Les questions de l’abus et de la violence contre les enfants en Inde sont soulevées dans le film. Même une fois adopté, ils gardent à jamais une trace de leur passé. Les émotions s’enchaînent. On vit l’angoisse, la peur, l’attente, le stress, la tristesse, la joie en l’espace d’1h58. Dev Patel est métamorphosé dans le film. On ne voit pas Jamal Malik de Slumdog Millionaire, on voit Saroo. L’acteur a hésité et s’est préparé pendant de longs mois avant de tourner. Il fallait qu’il ressemble au mieux au véritable Saroo et qu’il comprenne la complexité de sa vie et les émotions qu’il a pu vivre. Impressionnant de justesse, sans jamais en faire trop, il nous tire des larmes à plusieurs reprises dans le film, la fin étant pour moi le grand pic d’émotions. Je n’ai pas seulement versé une larme, j’ai franchement sangloté ! La petite voix de Sunny Pawar nous fait à la fois sourire et participe à la formation de cette boule au ventre qui ne nous lâche pas pendant tout le film. Repéré dans une école pour enfants défavorisé de Mumbai, il ne parlait pas anglais et n’avait jamais tourné avant le film. Dans Lion, il crève l’écran. C’est sans aucun doute le premier film d’une belle carrière.
Un film essentiel
Lion est un film essentiel de par les questions et sujets qu’il soulève : la situation des enfants en Inde, l’adoption, la famille et la persévérance. En 2013, un rapport de l’ONG Human Rights Watch avait dénoncé ce chiffre qui fait froid dans le dos : 53% des 12 500 interrogés avaient déjà été victimes d’un abus.* Autant dire que ce film est une façon d’attirer l’attention sur une catastrophe encore d’actualité. La question de l’adoption, qui est aussi abordée, met en avant l’amour et la générosité de ces couples qui adoptent malgré les difficultés, en sachant qu’ils accueillent un enfant qui a parfois vécu des traumatismes intenses. Le personnage de Mantosh en est le parfait exemple. Comment créer une famille en adoptant le passé de chacun ? Comment composer avec les origines et questions de chacun ? Tant de questions qui trouvent partiellement réponse dans Lion. Enfin, la persévérance et l’obsession de Saroo nous frappe. La question des origines, de ses racines est centrale au film. Ponctué de flash back, Lion nous guide dans les fragments de mémoire retrouvés de Saroo et qui sait, sur les traces de sa famille perdue.