Les griffes de l'ennui

Quand on annonce enfin de la violence dans Wolverine, on jubile.
Quand on annonce une adaptation post apo du comics Old Man Logan, on s'impatiente.
Quand on annonce la fin du role pour Hugh Jackman, on s'attriste, on espère un départ en bonne et due forme, une fin magistrale, originale, remplie d'ambitions.
Malheureusement, il n'en ait rien, et on gardera éternellement sur notre To-Do-List "Voir un bon film Wolverine avec Hugh Jackman".
La promotion était tellement léchée, avec son filtre noir et blanc, son Johnny Cash, cette hype hémoglobine parsemée de bons sentiments, qu'il est dur pour moi de sortir déçu après 2h17 ...

Pour commencer par les bons points, la brillante Dafne Keen, qui incarne à merveille une jeune X-23. Muette, travaillant les jeux de regards à chaque scène, on s'attache directement au personnage, petit animal infantile, tantôt mignon, tantôt agressif, le tout excellemment dosé.
Rien à redire non plus sur le jeu virulent d'Hugh Jackman, ce qui heurte encore plus sachant qu'il s'agit là de sa dernière interprétation ...
La bande son est étonnement prenante, car malgré le fait que Cliff Martinez ait été remplacé, on sent bizarrement un feeling electro Winding Refn sur certains passages, ou un coté ambiance The Knick, série sur laquelle Cliff Martinez a travaillé.
Coté réalisation pure, la photographie est bien léchée, les ambiances superbement gérées, sauvant selon moi le film du naufrage, et lui permettant d'obtenir la moyenne.

Mais non, la violence ne fait pas tout chez le griffu, et force est de constater que rajouter l'agressivité animale tant attendue sur un scénario très peu inspiré n'en fait pas un excellent film.
Mon plus gros regret est de retomber dans la même soupe de complot gouvernementale et d'expériences scientifiques qu'on nous tartine depuis bientôt 20 ans, la ou Legion arrive habilement à proposer un matériau original en partant de ce même postulat de base.
Ce même scénario qui en vient à proposer un premier méchant, Donald Pierce, très convaincant, mais malheureusement éclipsé par ce qui est pour moi le mauvais gout du méchant "principal" et qui m'a filé des relans du final de Terminator Salvation voir même du précédent Wolverine.
C'est en cela que le film pose problème : il n'arrive jamais à aller de l'avant, à proposer du neuf, à nous transporter vers de l'inédit.

Dernier road trip nostalgique me direz vous ?
Pour ma part, j'ai vécu cela comme un remplissage de scènes pseudo-intimistes que j'ai malheureusement déjà oublié 12 heures après le visionnage, tant James Mangold ne réussit pas à les faire briller. On est quand même sur une note d'intention beaucoup plus louable que chez la concurrence Warner je vous rassure, mais le produit final est pour moi insipide, et le contrat n'est clairement pas rempli à la sortie de salle. On nous expose un passif et une maladie vieillissante à Charles Xavier, trop vite et/ou très mal expédié, on nous propose une dégénérescence du griffu, qui n'est clairement pas traité dans le fond, et on conclut ce périple peu mémorable par un semblant de scène finale "grandiose" et "remplie d'émotions", que j'ai vécu assez brusquement, histoire de finir sur une mauvaise note.

Malheureusement, je n'ai pas trouvé dans Logan l'épique et l'émotion tant promis par un marketing bien mené, et c'est en ça que le film restera aux oubliettes, malgré l'effort apporté à la réalisation et aux quelques références méta qui font tout de même plaisir à voir pour les fans.