Troisième film solo consacré au mutant griffu Wolverine, le plus indomptable et imprévisible de la bande des X-Men, "Logan" aura fait l'objet d'une longue attente, tant de la part des fans de comics que des cinéphiles. En effet, on peut dire que la campagne de promo a très bien fonctionné : les bandes annonces et autres affiches officielles du film ont réussi à donner l'eau à la bouche , sans parler des propos de Hugh Jackman himself, interprète de Logan/Wolverine depuis maintenant 17 ans, ne cessant de répéter que ce troisième opus serait bel et bien son dernier film dans la peau du mutant et que, pour le coup, ce film-ci serait le plus fidèle au personnage, soit un film plus sombre, mais aussi plus violent, voir même franchement gore.
Des propos qui, ajoutés à la belle campagne de promotion du film, n'ont pas manqués de faire saliver bon nombres de personnes.


Bref, maintenant que le film est enfi, sorti, que vaut-il véritablement ? S'agit-il vraiment du film bien pessimiste, bien violent vendus par les bandes annonces ?
La réponse est... OUI, mille fois OUI !!!
Effectivement, ce "Logan" est incontestablement (et de loin) le plus violent des trois films "stand alone" du mutant, voir même de la saga "X-Men" tout court. Bras coupés, décapitations, giclées de sang, tout y passe. Loin d'être un défaut, ce détail permet déjà de constater que les propos de Hugh Jackman et du réalisateur James Mangold, qui avait déjà réalisé le deuxième opus (le passable "The Wolverine"), sont bel et bien vrais.


Plus néo-western crépusculaire que film de super-héros, "Logan" tranche (c'est la cas de le dire) avec les autres films de la saga "X-Men" en se présentant clairement comme un film à part. Prenant place dans un futur relativement proche (l'an 2029) dans lequel les mutants ont presque tous disparus, Logan (qui n'est plus vraiment ce qu'il était autrefois) passe son temps à s'occuper du professeur Xavier, nonagénaire de son état, à la limite de la sénilité. Leur "retraite" sera très vite perturbé par l'irruption dans la vie des deux hommes d'une jeune mutante, Laura, ayant la particularité de poser la même mutation que Logan, pourchassée par une bande de mercenaires aux sombres intentions.
Parti sur ce "pitch", le scénario de "Logan" se présente comme une succession interrompue de "bagarres - voyages en voitures - pauses voitures", "rebagarres-revoyages en voiture-repause voitures", soit un long "road-movie" prenant bien son temps pour dévoiler les véritables enjeux de l'intrigue. En soi, c'est plutôt une bonne chose mais malgré tout, on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine redondance face à ce schéma narratif répétitif et finalement très classique (le héros fatigué qui reprend espoir et courage par le biais d'une petite fille qui symboliserait sa "part de sauvagerie refoulée"); et ce, d'autant plus que, aussi jouissives soient-elles, les scènes de combat d'une violence extrême peuvent vite lasser.


Ceci dit, ce troisième opus est loin d'être décevant, c'est même et de très loin, LE meilleur film solo jamais consacré à Wolverine et, plus encore, le meilleur film de super-héros qu'on ait vu depuis longtemps. De par son réalisme sec et assumé (le film se déroulant essentiellement dans de vastes étendues artistiques ou dans des contrées rocheuses typiquement américaines), sa volonté de ne pas faire rire (bien que le film par moments se révèle plutôt amusant, notamment par le biais du professeur Xavier dont l'extrême vieillesse semble l'avoir transformé en "vieux radoteur", mais aussi par ses inspirations cinématographiques (on pense inévitablement à "Mad Max" pour le côté traque sauvage dans les étendues désertiques et aussi à "Terminator 2 " pour le côté "enfant à protéger", "Logan" se présente comme un bon moment de cinéma, un film de divertissement mature et adulte qui évite par ailleurs de sombrer dans le "sur-sérieux" à la Zack Snyder.
Le film ne cherche donc pas avoir la grosse tête, se contentant d'un scénario certes loin d'être parfait mais suffisamment efficace pour tenir en haleine et susciter du plaisir au spectateur.


L'autre grande qualité du film demeure également l'interprétation des comédiens principaux : Hugh Jackman et Patrick Stewart, pour leur dernier tour de piste dans l'univers X-Men, sont tout simplement impeccables, le second prenant d'ailleurs un malin plaisir à se moquer, sous l'effet de la vieillesse, de son statut de vieux sage. C'en est tel qu'à la fin, on en vient à ressentir de la peine à l'idée de se dire que ce film-ci constitue bel et bien la fin pour Hugh Jackman. Mais c'est surtout la très jeune comédienne Dafné Keen (dont c'est le tout premier rôle) que l'on retiendra. Capable de passer de la fragilité la plus forte à la sauvagerie la plus extrême, celle-ci crève littéralement l'écran dans la peau de la jeune Laura, on en vient même à penser que la relève est vraiment bien assurée pour Logan.


En bref, malgré sa construction scénaristique répétitive et ses quelques longueurs (le film met quand même un certain temps à démarrer), ce troisième et dernier film consacré à Logan/Wolverine version Hugh Jackman constitue un très bon moment de cinéma.
Sombre, pessimiste, violent et adulte, "Logan" , que l'on peut aisément qualifier d'"anti film de super héros", se situe largement au-dessus de la moyenne de ses confrères de chez "Marvel/Disney" et autres DC Comics (bien que l'univers n'en soit encore qu'à ses balbutiements).


A voir, donc !

f_bruwier_hotmail_be
8

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Créée

le 3 mars 2017

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