Une très " belle personne ", une très belle image, un très beau film
Ah l'esthétisme des années 50 ! De la géométrie, de la couleur, du style, de la créativité, du mouvement, de la vie ! Ah les jolies robes plissées et les belles américaines (les voitures!); rien que pour ces images et pour la très belle restitution de l'ambiance de l'époque ( du bon côté de la "barrière" !) , ce film vaut la peine.
Mais il n'y a pas que ça, on y trouve également plein d'autres choses: un développement très intéressant autour de la révélation de l'homosexualité d'un père de "bonne" famille et un autre en parallèle sur le racisme et la ségrégation, sur fond de "bonne" société blanche américaine, dont la description est à elle seule un des sujets du film.
Société où tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes qui soit , pour peu qu'on respecte bien les codes en usage. Se raconter en rougissant, entre filles, autour d'une tasse de thé, le nombre de fois que les maris demandent à "le faire" par semaine... plaindre celle dont il est bien connu que son mari la trompe (et pourquoi pas avec un homme !), pouvoir tout dire à sa meilleure amie toujours prête à venir en aide, tout ça, oui, bien sûr, mais par contre, être gentille puis même très gentille, avec un noir, alors ça non !, c'est comme une trahison ! Même la meilleure amie ne peut pas l'entendre et encore moins l'admettre !
Et pourtant qu'est ce qu'il est bien le noir de service , le jardinier (par intérim) de la dame, qu'elle croise à une expo accompagné de sa petite fille adorable, et qui lui commente de façon très savante et très bien sentie, un tableau de Miro !
Et qui par ailleurs veuf élevant seul son enfant, est tellement, fin, délicat, gentil, attentionné et ... délicieusement amoureux. Trop bien ! et évidemment caricatural, mais ce n'est pas grave, on est là pour se faire plaisir ! Et ça marche !
Tellement qu'on a très envie que ça ne s'arrête pas sur le quai de cette gare où ils se "disent" au revoir, sans un mot.
Tant il est naturel que les " belles personnes" se retrouvent et s'assemblent quelque soit leur couleur de peau. Quant au mari trompeur, est ce qu'on l'excuse de ce penchant irrépressible ? bien sûr, mais on a du mal à s'intéresser vraiment à son devenir.