L’Irlandais Ken Bruen s’est imposé comme une valeur sûre du polar british avec un univers haut en couleur peuplé de personnages affreux, sales et méchant et caractérisé par un humour ravageur.
Fort de son succès, le bonhomme a logiquement vu ces œuvres adaptées au cinéma avec le très moyen Blitz avec Jason Tatane et ce London Boulevard qui risque de déconcerter ceux qui comme moi, on lu le bouquin.

Un bon scénariste ne fait pas forcément un bon réalisateur et après David Goyer (L’homme qui a écrit The Dark Knight et qui a réalisé Blade Trinity… what else ?), c’est au tour de William Monahan, scribouillard plutôt doué qui a bossé pour Scorcese (Les Infiltrés) et Ridley Scott (Kingdom of Heaven), de venir confirmer cette tendance.
Ainsi, Monahan fait le pari risqué de prendre l’œuvre originelle totalement a contrepied : les personnages principaux subissent une cure de jouvence et d’autres passent carrément à la trappe. Quant à l’humour noir et au cynisme ambiant, ils cèdent la place à un sentiment de spleen qui contamine la mise en scène et le jeu des acteurs, faisant de London Boulevard un film éminemment chiant.

C’est bien beau de trahir le matériau de base mais encore faut-il avoir un point de vue parce qu’enchaîner les longs plans séquences et filmer la mélancolie de pacotille de Colin Farrell sur fond de rock indé (parce que ça fait cool t’as vu ?) ne suffit pas à faire un film.
On a même souvent la désagréable impression d’être devant un métrage prétentieux et poseur qui va même jusqu’à singer quelques œuvres cultes (le gangster qui fait un monologue complètement hors sujet avant de refroidir quelqu’un, ça ne vous rappelle rien ?).
Un dialogue intéressant sur le rôle des femmes dans le cinéma, les quelques beaux plans et les éclairs de violence ne parviennent pas à effacer ce sentiment.
Cerise sur le gâteau, les interprètes ne semblent jamais y croire surtout Farrell et Knightley fades au possible. Même les excellents David Thewlis et Ray Winstone qui joue pourtant un gangster psychopathe ont l’air de s’emmerder.

Polar pseudo existentialiste à peine sauver par sa relative maîtrise formelle, London Boulevard est un film vite vu et vite oublié. Autant se remater Layer Cake, The Club ou même les deux premiers Guy Ritchie bien plus fun et proches des écrits de Ken Bruen ou alors dans le registre du policier mélancolique, les deux petits chefs d’œuvres réalisés par les frères McDonnagh (Bons Baisers de Bruges et The Guard).
Diego290288
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le 3 sept. 2012

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