Le biopic peut souvent sombrer dans le travers de la complaisance, et se transformer en panégyrique fade et sans saveur ; réaliser un film-éloge de ce type pour retracer la vie de Brian Wilson aurait été un désastre artistique, et Bill Pohlad ne tombe pas dans ce travers. En tant que fan des Beach Boys et de leur leader, j'attendais ce film avec impatience et je n'ai pas été déçu, mais les non-connaisseurs de la pop californienne peuvent également adorer ce film !
Il faut dire que Brian Wilson offre de la matière : cet homme fascinant, à la fois génie absolu de la pop et schizophrène instable, a touché les étoiles avant de tomber plus bas que terre. Au lieu de retracer de manière convenue son parcours, Pohlad choisit de se concentrer sur deux éléments-clés de la vie de Wilson : la période de conception de Pet Sounds, chef d'oeuvre définitif mais critiqué par les autres membres du groupe, et la déchéance des années 1980 : Wilson s'enfonce, traité lourdement pour une maladie qu'il n'a pas par un psychiatre dont il subit l'emprise étouffante, Gene Landy. Tout est traité avec finesse et intelligence : le besoin du Wilson des 60s de se dégager de l'image envahissante des Beach Boys pour mener à bien ses projets artistiques, l'amertume des autres membres du groupe mis à l'écart, la présence déstabilisante d'un père violent dont Wilson cherchera toute sa jeunesse la reconnaissance, et évidemment le clou du spectacle du film : les séances d'enregistrement dans les studios, reconstituées de manière fascinante, qui sont un vrai plaisir pour les oreilles. A noter également, le très intéressant traitement de la folie, notamment au niveau du son. Ce film traite de la relation entre génie et folie de manière très intelligente. La lutte entre Melinda, nouvelle muse de Wilson, et Gene, son psychiatre, est plus conventionnelle mais fascinante à suivre. Le casting est impeccable, la réalisation sage mais satisfaisante. La bande-son est très réussie, même si on regrette qu'il n'y ait pas plus de musique des Beach Boys ! Il est également dommage de finir sur un happy end quelque peu sirupeux.
La vie de Brian Wilson, tragique et grande à la fois, offre un matériau fantastique pour un biopic : celui-ci est réussi !
Créée
le 15 juil. 2015
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