In a Religion far far away...
Après son adaptation du Petit Prince de Saint-Exupéry, Paper Planes et Dustland, la fantastique et prometteuse réalisatrice Leah Marciano nous raconte dans son nouveau court-métrage Luc et Leila, l'histoire d'un destin croisé, d'un destin frondeur, d'un destin implacable qui réveille les rancœurs entre les religions mais pour mieux s'en moquer et renvoyer la stupidité communautariste à l'universalité de l'Amour et de la rencontre avec l'autre.
Ainsi cette jeune photographe qui s'éprend d'un de ses modèles puis le retrouve dans un mariage 5 mois plus tard, heurtera son amour naissant aux préjugés et au "racisme" ordinaire; Le court-métrage étonne par sa maîtrise technique (à l'exception de deux point un peu flou largement excusé par le matériel utilisé, un 5D Mark II) et sa générosité manifeste alors même que des films du système sont incapable de dépasser leur dispositif technique et de raconter quelque chose de fort, de personnel et d'universel à la fois sur 1h30, Leah Marciano, elle, sur ses 20 minutes qui semble en durer 10, raconte la grande Histoire dans la petite, et sert son propos comme on sert un grand cru, par petites touches et en savourant chaque gorgée.
Les comédiens du court-métrage sont tous fantastique sans exception, à commencer par le duo Luc (Arnaud Laurent) et Leila (Chérifa Tsouri), désarmant de candeur juvénile et de rage affirmée. Arnaud Laurent, jeune comédien, habitué au doublage de série animée donne toute son énergie et sa force de conviction dans Luc, rendant le personnage aussi touchant qu'un David face au Goliath du poids des traditions (voir la scène du discours du témoin) tandis que sa partenaire à l'écran, Chérifa Tsouri inonde son personnage de Leila de douceur et de fragilité avec un caractère pourtant bien marqué. Impossible de parler plus de l'histoire et des personnages sans dévoiler l'intrigue, aussi cette critique s'arrêtera là en ce qui concerne ces points;
Un mot de la mise en scène légère, et inspirée de la réalisatrice qui rappelle la fougue poétique et comique d'un John Hugues. Leah Marciano par ses cadres et son impeccable découpage technique nous raconte son histoire avec de trés belles trouvailles visuelles et narratives, le tout sublimé par une musique terrassante de Jonathan Marois, son John Williams personnel.
Si on peut émettre un léger défaut au film, c'est qu'il a les défauts de ses qualités. En l’occurrence, on aurait adoré voir plus de la rencontre entre Luc et Leila, voir plus des problèmes rencontrés par le couple dans son idylle naissante, bref, un long-métrage ne serait pas de trop pour pouvoir développer tout ce qui a pu manquer pour s'attacher encore plus aux personnages et à l'intrigue. Leah Marciano par son plan final, raccorde la petite histoire de ce couple à l'Univers et en cela, elle s'annonce comme une réalisatrice à suivre car ses prochains films risquent fort de surprendre encore plus que ce déjà trés bon Luc et Leila.