Lucky, un film américain d'art et d'essai

Voici un film intéressant d’art et d’essai Américain réalisé par John Carroll Lynch, qu’il ne faudrait pas manquer en ces périodes de fêtes avant qu’il ne disparaisse des écrans


Quand on entend Lucky, on pense à coup sur à Lucky Luke, le cow- boy solitaire sans peur et sans reproche ( The poor lonesome cowboy).


C’est bien le cas ici transposé dans un cadre contemporain, dans un village en plein désert. On suit le parcours d’un vieil homme, Lucky donc, âgé entre 80 et 90 ans, interprété par Harry Dean Stanton (décédé peu après le tournage en septembre 2017). Sa vie il la partage entre chez lui où il passe son temps à faire des mots croisés, le bar où il vient se détendre, côtoyés par des habitants pittoresques du village et son restaurant favori.


« Lucky », on peut l’interpréter comme chanceux car notre héros ne manque pas de chance surtout quand on s’aperçoit qu’il ne cesse de fumer depuis longtemps et qu’en visitant son médecin, celui-ci lui annonce qu’il n’a aucun souci de santé. Pour le coup « Lucky » peut aussi évoquer le fameux paquet de cigarettes Lucky Strikes que notre héros doit utiliser fréquemment.


On s’attache vite à ce personnage à la fois bougon mais rempli de bon cœur. Il est d’ailleurs apprécié de son village puisqu’une jeune femme vient le voir pour lui parler ou une voisine ne manque pas de l’inviter à une fête. Ce qui donne lieu à des moments d’émotion où l’on sent l’omniprésence de notre héros qui malgré son âge se met à entonner un chant connu espagnol à la grande et bonne surprise des invités et des musiciens qui se rapprochent pour l’accompagner.


Les lieux qu’il fréquente notamment le bar donnent lieu aussi à des répliques cinglantes où il ne manque pas de s’affirmer face à un habitant « je préfère des silences gênants à des banalités affligeantes » ou encore lorsqu’il nous explique de façon poétique, que après le passage sur terre des habitants, il ne restera plus rien, avant de s’allumer tout simplement une cigarette


La force des scènes est amplifié par l’utilisation des plans hors champs qui commence des le début du film où l’on devine encore mieux l’omniprésence du personnage sans le voir à l’écran sous un fond de musique espagnol ou au milieu du film où alors que le décor est planté , on sens sa bienveillante présence .


On est aussi charmé et surpris de voir le réalisateur David Lynch himself ( qui rappelons le n’a aucun lien de parenté avec le réalisateur du même nom) que l’on a rarement l’habitude de voir à l’écran mais plutôt derrière. Il campe un personnage du bar qui ne cesse de s’interroger sur la disparition de sa tortue nommé « President Roosvelt » , tortue que l’on voit apparaitre en toute fin de film alors même que l’on voit disparaitre progressivement notre héros, tel Lucky Luke dans un décor de western.

AjchenbaumLuc
8
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le 2 janv. 2018

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Ajchenbaum Luc

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