LUNA (13,5) (Elsa Diringer, FRA, 2018, 93min) :


Sincère portrait d'une jeune adolescente paumée qui dévore la vie en étant prête à tout pour garder l'amour de Ruben, un bad boy impliqué dans une agression sexuelle contre un jeune tagueur lors d'une soirée arrosée. Pour son premier long métrage la réalisatrice livre une fragile chronique initiatique à travers l'apprentissage de la vie.


Elsa Diringer offre une mise en scène maîtrisée et mouvante au plus près de son héroïne pour mieux capter tous les soubresauts psychologiques, avec bienveillance sans jamais mal juger les protagonistes malgré leurs erreurs. La caméra capte avec sensibilité à travers un scénario solide, la prise de conscience des actes (agressions, avortement, mensonges) et leurs conséquences à assumer par le prisme d'une histoire d'amour de deux êtres bancals qui se retrouvent par hasard dans la même exploitation maraîchère. Le récit réaliste n'évite pas quelques clichés sur la jeunesse, notamment lors des scènes d'introduction de l'histoire, mais l'auteur par une trajectoire habile sait sans jamais tomber dans le pathos ou le mièvre, nous amener vers l'empathie envers Luna, alors qu'au début son insouciance et sa personnalité avait tout pour nous agacer.


La cinéaste rejoint avec un talent prometteur la nouvelle vague de réalisatrices françaises qui impriment sur la toile de vibrants portraits de femmes écorchées mais combattantes, comme nous avons pu le voir ces derniers mois avec : Grave (2017) de Julia Ducournau, Ava (2017) de Léa Mysius, Jeune femme (2017) de Léonor Serraille ou plus récemment dans La fête est finie (2018) de Marie Garel-Weis. Ici, sous la noirceur, la photographie solaire accompagne le parcours délicat de l'adolescence déboussolée et violente vers le monde adulte en essayant de combattre ses déséquilibres intérieurs pour tenter de trouver l'apaisement par le biais d'un travail et l'espoir en une vie meilleure dans une histoire d'amour qui naît pourtant d'un chaos initial.


Cette première fiction bien venue est littéralement portée par la révélation Laëtitia Clément (castée à la sauvage dans un lycée), jeune comédienne farouche et intense dont les changements de tons se reflètent avec grâce aussi bien par son expression corporelle que par ses regards profonds bien accompagnée par le vibrant et touchant Rod Paradot, confirmant aisément tout le bien que l'on pense de lui après son éclosion majeure dans l'émouvant La Tête Haute (2015) d'Emmanuelle Bercot.


Venez découvrir cette nouvelle et salutaire représentation de cette jeunesse qui se cherche entre ombres et lumières, à travers cette chronique attachante auprès de Luna. Authentique. Initiatique. Lumineux. Prometteur.

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le 11 avr. 2018

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