Les biopics ne sont pas ma tasse de thé. Du moins dans leur forme actuelle (sur ce sujet, j'invite à lire le très bel article d'Armelle, Les biopics ou la vie des autres). Parmi les plus récents, certains font bien sûr figure d'exception (Gainsbourg, vie héroïque), cependant ces films reposent aujourd'hui presque exclusivement sur la performance simiesque –au sens de singer- d'un comédien, prouesse qui ne m'intéresse guère, le mimétisme avec le modèle étant désormais surtout l'affaire des maquilleurs prosthétiques. Au risque de choquer, l'exemple le plus grotesque est pour moi celui de Marion Cotillard dans La Môme, que j'ai trouvée absolument insupportable .

Cette mise au point faite (j'imagine qu'elle m'aura déjà coûté quelques lecteurs, notamment ma remarque sur le film d'Olivier Dahan...), qu'en est-il de My week with Marilyn ? La réalisation de Simon Curtis, connu surtout pour son travail à la télévision (l'équipe technique, du scénariste Adrian Hodges, en passant par le directeur de la photographie Ben Smithard, ou le chef décorateur Donal Woods, est d'ailleurs essentiellement issue du petit écran), sans être infâmante, est assez fade. Le cinéaste anglais nous propose une reconstitution appliquée de l'atmosphère de l'époque et du tournage du Prince et la danseuse. Son désir de faire authentique transparait toutefois trop. La rigueur est assurément une qualité méritoire. Néanmoins, elle se traduit ici par un style trop studieux pour être personnel et suggérer la passion. Un comble, compte tenu du sujet...

L'interprétation est la clé de ce genre d'œuvre. Michelle Williams est une actrice talentueuse. Ses choix de carrière, souvent audacieux, car loin des productions mainstream (Blue Valentine, La dernière piste), donnent à son parcours un cachet atypique. Le problème, c'est qu'elle doit ici incarner une icône. Peut-être même l'Icône du cinéma. Un défi évidemment impossible à relever. Certes, elle s'inspire de la gestuelle de l'héroïne de Certains l'aiment chaud. Il ne suffit pourtant pas de prendre une attitude suggestive, la main sur une hanche, l'index posé sur les lèvres, pour avoir l'air glamour. Ce geste, chez Marilyn, par son naturel, son côté enfantin, était charmant. Pour tout autre qu'elle, il devient vite vulgaire. Michelle Williams n'échappe pas à la règle. Et comme je l'apprécie, cela m'a singulièrement embarrassé.

Sur Marilyn elle-même, ce film ne nous apprend rien. On sait tous aujourd'hui qu'elle n'était pas la créature ravissante, mais un peu tête en l'air, qu'a donné d'elle le cinéma. De ce personnage fascinant, ce film ne retient malheureusement que sa relation un peu mièvre avec le troisième assistant réalisateur du Prince et la danseuse, Colin Clark. Une semaine intense, d'une grande tension érotique, pour reprendre les propos de Curtis. A l'image, rien de tout cela. Peut-être parce que cette histoire n'est au bout du compte que le fantasme d'un vieux monsieur à qui il ne restait plus beaucoup de temps à vivre, comme ce fut le cas il y a quelques années pour un ancien Président de la République, à propos d'une certaine princesse... Quoi qu'il en soit, pour en savoir plus sur l'actrice, sur la complexité de sa personnalité, mieux vaut lire Fragments (Editions du Seuil), un recueil de ses notes et poèmes, même si cette plongée dans son intimité peut donner le sentiment inconfortable de jouer les voyeurs.

My week with Marilyn, en dépit de sa banalité et de ses maladresses, n'en contient pas moins quelques scènes assez fortes. Celles qui m'ont le plus touché se trouvent dans la dernière partie du film, qui marque aussi la fin du tournage du Prince et la danseuse. Ainsi, quand Marilyn se présente à Sir Laurence Olivier -Kenneth Branagh, comme toujours très convaincant- et à l'équipe technique : sa fragilité est bouleversante. Et, surtout, lorsque le réalisateur regarde les rushes et cite Shakespeare (La tempête) : We are such stuff as dreams are made on, and our little life is rounded with a sleep... Une tirade qui semble avoir été écrite pour la star. Et un beau moment de cinéma...
ChristopheL1
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le 12 mai 2012

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