Les bagnoles m'ennuient profondément. Accepter de se caler dans une cage en métal bruyante pour avancer plus vite passe encore, mais que l'on puisse nourrir une réelle passion pour l'automobile et les traces de pneus demeure pour moi un mystère. L'envie de me plonger dans Mad Max ne s'est donc jamais faite ressentir, et le visionnage hasardeux du 3ème opus aka "Tina Turner & The Kitsch Dome" n'a pas du aider. Mais j'ai pu rafistoler ce trou dans ma culture cabossée en profitant d'une rétrospective au cinéma du coin...


Ce qui saute aux yeux instantanément, c'est le gouffre avec le premier volet : on sent l'énorme différence de budget, d'univers et de ton. Le réal' s'est clairement fait plaisir en rendant tout plus vaste, plus rythmé, plus explosif, plus maîtrisé. L'apocalypse est donc plus apocalyptique et les véhicules bizarroïdes défilent par trouzaines. Les méchants, composés d'une bande de motards vicelards dans le film d'origine, font ici place à une véritable armée de sado-maso. Parce que oui, toute l'imagerie crypto-cuir-moustache a elle aussi été démultipliée. Réjouissez-vous, amateurs de pantalon en cuir à fesses apparentes, de vestons troués aux tétons, ou encore de l'indémodable ensemble slip/chaines/masque en métal. En bref, le conflit principal oppose des fashionistas de la domination à des suédois fans de glam rock (en cuir blanc, pour pas qu'on les confonde avec les méchants).


Du coup on ne s'ennuie pas, on se laisse guider par l'icone du héros laconique joué par un Mel Gibson pas encore insupportable, on sourit quand le film tente d'être drôle, on rit quand il nous sert des scènes grand-guignolesque, et on est scotché par la sensation de vitesse lors de quelques instants de caméra-capot¹. C'est d'ailleurs ces moments là que l'on retiendra, plus que l’esbroufe folklorique qui est dépaysante de prime abord, certes, mais superfétatoire. Car l’œil attentif aura remarqué que ce qui caractérise cette saga, ce qui fait sa substantifique moelle (aha), était déjà présent dès la scène d'ouverture du premier film : des bagnoles qui foncent dans le désert, des conducteurs complètement barjos à l'intérieur, et un spectateur qui tente de déterminer lequel d'entre eux est le moins fou.


Cette soirée ne m'a toujours pas fait aimer les voitures. Cependant, les fondus de l'asphalte m'apparaissent un peu moins incompréhensibles, presque attendrissants. Et j'admet qu'il est plutôt divertissant de voir le nuage de poussière qu'ils soulèvent lorsqu'ils s'agitent dans le bac-à-sable avec leur joujou.


¹Une caméra-capot c'est comme une caméra-épaule, mais avec un capot à la place de l'épaule

Philantroll
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le 13 mai 2015

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