Made in Hong Kong
7.4
Made in Hong Kong

Film de Fruit Chan (1997)

A la manière d’un Larry Clark ou d’un Gus Van Sant, Fruit Chan filme les errances de la jeunesse hong-kongaise du milieu des années 90.


Mi-août est un jeune voyou inoffensif, chargé de récupérer l’argent d’un usurier. Au cours d’une descente, il tombe amoureux de Ah-Ping, jeune fille victime d’une maladie incurable. Il prend aussi Jacky sous son aile, qui souffre d’un handicap mental.


Le trio tente de se démener dans une société qui semble les abandonner. Nous sommes en 1997, année de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. Le réalisateur a voulu prendre une photo de l’époque, pleine d’incertitudes, et caractérisée par un grand chambardement social.


Le film pourrait être considéré comme l’équivalent de Kids, de Larry Clark, sorti deux ans auparavant. On retrouve cette même façon de filmer, à la fois brute dans les actes et à la fois très esthétique. Les corps sont filmés de manière sensuelle, notamment le personnage de Mi-août, maigre au point d’avoir les os saillants, et qui se promène en slip la plupart du temps. Comme Clark, Fruit Chan a également recruté ses acteurs dans la rue. L’amateurisme confère ici à l’histoire une spontanéité et un réalisme. On ressent également l’urgence d’un tournage en mode « guerilla », avec des plans que l’on devine volés sur le vif, sans autorisation, et avec un budget réduit.


Ce qui distingue Fruit Chan de ses homologues américains, c’est bien sûr l’endroit où se déroule l’intrigue. Hong-Kong foisonne de gens, de logements ridiculement petits où les portes sont parfois de simples grillages. On y retrouve aussi ces immenses gratte-ciels avec un nombre incalculable d’étages, chacun ayant des dizaines d’appartements exigus. Dans tous les plans, on ressent cette énorme densité et cette promiscuité extrême. A l’inverse, certaines scènes se détachent de la ville et offrent aux protagonistes et aux spectateurs une fuite momentanée. C’est le cas lorsque les trois jeunes recherchent une jeune fille suicidée dans un immense cimetière construit sur une colline.


Made in Hong-Kong est un grand film romantique, qui évoque aussi le cinéma de Wong Kar-Waï, notamment avec son histoire d’amour contrariée, son trio d’amis ou l’utilisation d’une voix-off. On s’y attend un peu, mais ce petit monde va être emporté dans une spirale de violences. Malgré la précarité, les morts et la noirceur, on retient du cinéma de Fruit Chan ses échappées lyriques, signe que le réalisateur voit tout de même un espoir en l’avenir.

jeje68
7
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le 1 févr. 2021

Critique lue 67 fois

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