Pedro Almodóvar est un maître incontestable du drame, ce n’est pas nouveau, on le sait. Qu’il s’agisse du lien parental comme des épreuves de vie les plus difficiles (deuil, séparation), son cinéma s’intéresse aux changements physiques comme psychologiques de l’individu sur les traversées de son temps. Madres paralelas ne déroge pas au style du cinéaste, conciliant ses obsessions les plus anciennes, entre désir de devenir mère et inconfort de l’être, identités sexuelles, avec une thématique majeure que l’on retrouve de manière récurrente dans ses derniers films : le souvenir. En partant de ce récit où l’on suivra deux femmes accouchant dans une même chambre d’hôpital, tombées toutes les deux enceintes par accident, une révélation bouleversera Janis (Penélope Cruz), elle ne serait pas la mère biologique de son bébé. L’occasion pour Pedro Almodóvar de ressusciter une question universelle, rappelant le Tel père, Tel Fils d’Hirokazu Kore-eda, qu’est-ce qu’être parent ?


Le film débute et finit par un générique entrecoupé de photos que l’on prend sur des objets de modes, comme des personnes, un métier exercé à la fois par la jeune femme incarnée par Cruz et son père décédé. Particulièrement investie dans la mémoire nationale de son pays, souhaitant retrouver son père sous la terre, Janis exerce la photographie comme pour capturer le présent, et le sublimer. A la manière de son réalisateur, l’art est évoqué dans le long-métrage sous une belle mise en abîme, une essence inlassablement effective où l’on puisse se réfugier pour exprimer ce que l’on n’ose pas montrer en surface. Et pourtant, lorsqu’elle rencontre Arturo (Israel Elejalde), elle ne s’attend pas à rencontrer un futur enfant, à la fois surprise et inquiète. De la même manière, la mère d’Ana (Aitana Sanchez-Gijon) travaille comme actrice, comme pour exprimer librement ce qu’elle n’a pu faire pendant toutes ses années de vie, la douleur de la mère à laquelle on a forcé la naissance d’un enfant, ensuite oubliée, répudiée et salie.


Critique en intégralité : https://cestquoilecinema.fr/critique-madres-paralelas-lhistoire-de-la-parente/

William-Carlier
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2021 : Une année cinématographique, Les meilleurs films de 2021 et Les meilleurs films de Pedro Almodóvar

Créée

le 4 déc. 2021

Critique lue 214 fois

4 j'aime

William Carlier

Écrit par

Critique lue 214 fois

4

D'autres avis sur Madres paralelas

Madres paralelas
Sergent_Pepper
4

L’homme qui en faisait trop

Après la petite somme que représentait Douleur et Gloire, où, pour une fois, la part belle était aussi accordée à l’homme, Almodovar revient à une formule qui fait sa patte depuis des décennies : un...

le 3 déc. 2021

40 j'aime

3

Madres paralelas
Plume231
6

Mères entre elles !

Pedro Almodovar et son goût pour les couleurs vives excellent dans les portraits de femmes. À son meilleur, il est tout à fait capable d'atteindre le niveau des Cukor, Mizoguchi et Naruse. Madres...

le 4 déc. 2021

35 j'aime

12

Madres paralelas
Cinephile-doux
7

Les couleurs de la maternité

Avant tout, il y a ce bonheur renouvelé des couleurs chaudes d'Almodovar et de sa science du montage, qui nous fait passer avec fluidité d'une temporalité à une autre, avec ellipses, ou pas. Madres...

le 23 oct. 2021

26 j'aime

3

Du même critique

Frère et sœur
William-Carlier
1

Et... ta mère aussi !

Il n’est jamais agréable de constater le piètre jeu d’un acteur que l’on apprécie, surtout lorsqu’il est dirigé par un auteur. Le film d’Arnaud Desplechin est une souffrance constante, paralysée par...

le 23 mai 2022

30 j'aime

2

Black Panther: Wakanda Forever
William-Carlier
2

Pour les enfants

Il n'était pas possible d'attendre quoi que ce soit de ce deuxième volet du déjà très oubliable Black Panther, pour la simple raison qu'il n'y avait encore rien à ajouter à la matière très fine de...

le 20 nov. 2022

20 j'aime

1

Sans filtre
William-Carlier
8

Shitty Ship

Ruben Östlund ne met pas d’accord son public, qu’il avait un peu offusqué lorsque The Square avait remporté la Palme d’Or. On disait son style irritant, son propos social prétentieux en plus de...

le 29 sept. 2022

19 j'aime