Demi-mondaine, disciple, compagne spirituelle ou véritable épouse; en 2016, après des siècles d’histoire et autant de légendes éventées, le Vatican reconnaît Marie Madeleine comme étant l’apôtre des apôtres, leur égal et la première à avoir répandu la nouvelle de la résurrection de Jésus. Pour son deuxième long-métrage, Garth Davis retrouve Rooney Mara (Marie Madeleine), accueille Joaquin Phoenix (Jésus de Nazareth) et des seconds rôles francophones (Tahar Rahim, Denis Ménochet & Tchéky Karyo) pour une douce épopée biblique.


Sans aucun prosélytisme, ni doté d’un tempérament pamphlétaire et émancipé de la véracité documentaire, le réalisateur australien compose une large fresque sur l’émulsion spirituelle aux fondements du Christianisme. La figure de Marie Madeleine donne une dimension très contemporaine au récit et lorsque la jeune femme récuse la gérontocratie des hommes, le parallélisme avec notre temps est inratable. Originalité drastique? Non, mais une fraîcheur s’en dégage.



Humaniste, lénifiant, délicat et ficelé avec maîtrise...



Perturbé par la mise en pratique du message biblique, le personnage de Pierre, magistralement intériorisé par Chiwetel Ejiofor, marqué par sa dualité avec Marie, jalonne ce microcosme chrétien d’une castagne platonicienne. Passionnante elle-aussi, la réécriture de Judas Iscariote (Tahar Rahim). Lui le traître biblique et heureux propriétaire d’un blâme éternel, retrouve une noblesse dans la culpabilité. Il y aura cette scène: Jésus rédempteur et Judas agenouillé, aux portes d’une honte impérissable, puis une confidence, déchirante.


Il fallait au moins le magnétisme de Joaquin Phoenix et des acteurs de sa trempe pour porter à l’écran l’évangile de Marie. Jouissant d’une relecture plus contemporaine, l’histoire chancelle néanmoins de quelques inégalités. Tous les apôtres se meuvent d’une vision plus acerbe, jusqu’à Jésus qui par à-coups prend des airs de gourou sanskrit douteux. Seule rescapée, Marie et son parcours bienveillant. Mais après Pasolini, Scorsese, ou Gibson, Davis offre un spectacle humaniste, lénifiant, délicat et ficelé avec maîtrise.


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guardianalfred
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le 4 avr. 2018

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