Et si demain les machines prenaient définitivement le contrôle de nos vies, que ferions nous ? Telle est la question soulevée par cette histoire aux rebondissements multiples et à l’architecture complexe. Et si l’on nous endormait dans une réalité virtuelle aux contours paradisiaques pour mieux contrôler la planète, à notre époque où la réalité virtuelle fait son apparition la question peut-elle se poser ? « Elle est le monde, qu’on superpose à ton regard pour t’empêcher de voir la vérité». En regardant ce film j’ai eu la même sensation d'oppression qu’en regardant The Island de Michael Bay, dans l'un et l'autre, lorsque l’on découvre l’envers du décors et l’exploitation qu’il est fait des êtres humains.
Ce film fait poser question autant qu’il peut déranger, mais à son visionnage, on croirait voir le travail d’un orfèvre, ce qui n’est pas aussi vrai pour les deux volets suivants à mon sens. Les évènements s’enchaînent les uns après les autres comme on tournerait les pages d’un livre, et si les premières scènes peuvent dérouter le spectateur, aussi perdu que Néo, tout s’ordonne ensuite dans une logique parfaitement millimétrée et très bien pensée. Certains films de science fiction possèdent l’action mais pas la logique (je pense surtout aux produits Marvel), Matrix possède la logique et l’action
Je pense notamment à la scène de l’immeuble où, poursuivit par l’agent Smith, nos héros se trouvent soudainement dans une demeure murée, sans plus d’ouverture, un beug ayant été inséré dans la matrice. A un beug un changement de réalité.
L’on croit à ce qui nous est ici raconté, car tout est rendu vraisemblable par l’importance donné aux détails. Matrix possède aussi l’action, avec des scènes à couper le souffle (on pense notamment au combat l’opposant à Morphéus, ou au final contre l’agent Smith) et des effets spéciaux parfaits, qui loin d’avoir pour seul rôle « d’épater la galerie », servent le film avec brio. Dans la Matrice, on peut tout apprendre très rapidement,
Néo, ou bien Trinity pour apprendre à conduire à hélicoptère, il ne lui faut que quelques minutes
on peut jouer avec le monde qui nous entoure,
Néo se procure énormément d’armes en claquant des doigts, cette scène m'a vraiment fait sourire et j'ai tellement adoooréeeee la scène de fusillade qui s'en suit!
mais l’on peut aussi se persuader que tout ceci est réellement la vie : « N’essaie pas de tordre la cuillère c’est impossible. Tu dois essayer de te concentrer pour faire éclater la vérité : la cuillère n’existe pas. Et là tu sauras que la seule chose qui se pli ce n’est pas la cuillère, c’est seulement ton esprit. ».
J’ajouterai pour finir que les images sont superbes, sobres mais efficaces, les costumes, non sans faire penser à Men in black, offrent au jeune Néo (qui porte si bien son nom si l’on se réfère à sa nature grecque) une maturité qu’il semble avoir acquise en acceptant de « libérer son esprit », de voir le monde réel tel qu’il est et de conclure que la réalité qu’il connaît est fausse. Les répliques sont parfaites et une nouvelle fois il n’y a pas un mot plus haut que l’autre, pas un mot qui ne soit en adéquation avec le but de ce film. Mention spéciale également au jeu d’acteur de Keanu Reeves, impeccable et monumental dans son rôle, ainsi qu’à celui de Hugo Weaving, grinçant et glacial agent Smith, j’ai eu un coup de cœur pour le méchant ! ;)
Le scénario est excellent, voilà pourquoi ce film lui aussi est excellent. J’ai été ravie de trouver un film « box-office » avec une qualité de réflexion aussi importante. Lorsque le générique vient donner un point final au récit, les interrogations fusent d’elles même, presque inévitablement. Et si nous étions demain réduit à l’état de simple code informatique, nous qui possédons d’ores et déjà de multiples numéros de cartes et d’immatriculation, et si demain le virtuel prenait le pas sur nos vies ? Wake up avec Néo, l’essentiel n’est pas le confort dans virtualité « Je n'ai pas dit que ce serait facile, Néo. j'ai dit que ce serait la vérité ».