Cette trilogie est une odyssée existentielle. A première vue, elle dénonce notre rapport aux machines, à l’IA, ou aux nouvelles technologies. Comme tout ce que touche l’Homme, ceci se transforme en or pour enfin devenir poison. Les dérives des humains ont encore frappés et les mènent à leurs pertes. Fatalité ou ironie du destin ? Ces films sont une belle critique et remise en question du progrès.
A cela s’ajoute la question de la vie et du sens. Un film qui allie philosophie et action relève d’une prouesse intellectuelle et visuelle. Les scènes de combat sont spectaculaires mais aussi transcendantes : nous pouvons y voir une leçon de sagesse surnaturelle, de part les décors semi fictifs ( nous nous croyons en plein NY ou HK déshumanisé) et les techniques de Kung Fu. Ainsi, l’action est parlante, non gratuite, elle ajoute du contenu sans aucun mot.
Sur la question du sens, tout le sujet du film est la liberté de l’Homme. D’une part, nous sommes dans une matrice où il est totalement soumis, et incapable de le réaliser, il est tout sauf libre. Nous avons alors la démonstration d’une thèse déterministe de l’existence. Or, arrive Morpheus et sa bande, puis Zion, le monde réel ? Sont ils vraiment plus libres ici ? La seule différence pour leurs psychismes est qu’ils savent qu’ils ne sont pas libres, ce qui ne signifient pas qu’ils le sont. Toutefois, il semble, comme disait, dans le gai savoir, Nietzsche que « lorsqu’on comprend ce qu’on subit, on le subit moins ». En effet, Trinité ou les autres sont stoïques, des maîtres sages, capables de prouesses, ils sont encrés dans le présent, en pleine conscience dans la matrices, en éveil. Ainsi, nous pouvons voir une éloge de la philosophie stoïcienne, celle de la rationalité ( hors de la matrice) et de l’acceptation( ils ne semblent pas avoir peur des dangers). Ils sont plus libres que ceux dans la matrices car ils sont détachés et maître d’eux même, même s’ils ne contrôlent rien. C’est dans la compréhension de leur déterminisme qui s’élèvent au rang de surhomme, justement ils semblent sortir tout droit de la mythologie Grecque.
Nous pouvons voir que le thème de la liberté ne s’arrête pas là : les choses s’approfondissent avec L’Oracle, l’Architecte et la révélation de la sixième version de la Matrix. L’Homme a besoin pour y croire de l’illusion du choix, soit de la liberté. Alors, grâce à l’Oracle, cet ingénieux programme, tous les humains semblent avoir le choix. Neo le premier: une de ses dernières phrases est justement « because I choose to». Face à Smith, qui ne comprend pas les humains et leurs force de vivre, Neo est animé par son choix qui lui donne l’illusion ultime de sens. Au fond, les spectateurs voient très bien que Neo ne fait aucun choix, il suit le destin écrit par le programme de l’Architecte, mais peut importe tant qu’il y croit. Et nous voilà à la dernière dimension de la trilogie, celle de la croyance et de la foi religieuse. Les versions antérieures de la matrice étaient défectueuses car ils manquaient aussi la notion du mystique. Ce mystère de la vie et du monde est l’essence de notre psychisme. Ce qui fait que nous sommes humains, et non des machines avec une utilité logique. C’est pour cela que la machine est pratique mais laide alors que l’humain est imparfait mais beau. Ce troisième volet fait ainsi référence aux étapes de Kierkegaard ( esthétique = matrix, éthique = Zion, religieuse= l’alliance des deux). Les films semblent défendre, à l’aide de la science fiction, une vision existentialiste, à la Sartre ou l’existence précède l’essence, or finalement c’est encore la Matrice qui gagne, sommes nous condamnés à l’illusion ?

Anas-Tordjman589
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le 17 févr. 2021

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