Déçu par un visionnage récent de Vincent, François, Paul et les autres - duquel j'avais pourtant un bon souvenir, j'ai un peu hésité à replonger dans celui-ci - un de mes Sautet préférés avec Garçon et Quelques jours avec moi lorsque j'ai découvert ce cinéaste à l'adolescence tardive. Renouer avec ses ex est rarement une bonne idée.


Bonne nouvelle et soulagement, Max et les Ferrailleurs tiennent la route. Une direction d'acteur au top, quelques plans iconiques (Romy Schneider dos nu coiffée d'un chapeau), un rythme juste. Et surtout de très bons dialogues, en particulier la scène de la rencontre Piccoli / Fresson, incroyablement bien écrite, ou les face-à-face Piccoli/Wilson/Perrier également excellents.


L'intrigue policière n'a que peu d'importance - il n'y en a pas vraiment en réalité, ne vous attendez pas à trouver un film de casse. Le portrait d'un homme manipulateur obsédé par le flagrant délit mais qui perd le contrôle de la situation s'accompagne naturellement d'une chronique sociologique - on n'est pas chez Sautet pour rien - avec en toile de fond un certain milieu populaire complètement disparu, celui des traine-savate des bidonvilles de Nanterre et des bouchers de La Villette.


D'ailleurs tout ce qui est décrit dans ce film s'est évaporé en 2021, c'est fou, comme si nous vivions dans un autre pays. Même la langue n'est plus tout à fait la même. Pour les gens de ma génération (nés dans les années 70) qui n'auront connu que l'épilogue et les miettes de cette France Gaullo-Pompido-Giscardienne dans les années 80, avec les téléphones en bakélite et quand circulaient encore des R4, 2CV, DS et autres Simca, ce genre de cinéma rend parfois mélancolique. Moins par nostalgie - l'époque avait ses défauts aussi, faut pas croire - que par sentiment de devenir peu à peu un dinosaure.


A ce sujet, on chope un cancer des poumons rien qu'à regarder les Sautet des années 70 ; voilà un truc de mon enfance qui ne manque pas, cette atroce odeur de cigarette qu'on trouvait partout, dans le train, dans le métro, au restau, dans les voitures.


le petit point cancel culture
Film français des années 70, avec une prostituée qui a l’air d’avoir choisi librement son métier, je vous laisse imaginer le carnage. Allez, pour le principe et devant l’embarras du choix, on retire un point privilège blanc, même si les ferrailleurs ne logent pas exactement dans des duplex du XVIe.

openupandbleed
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le 24 févr. 2021

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openupandbleed

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