Dans le domaine des comédies romantiques, les films mettant un ou plusieurs personnages féminins au centre de leur intrigue se comptent par dizaines. C'est vrai, après tout, il y a tant de choses à dire sur les femmes, particulièrement au sujet de leur volonté, de leur force d'esprit, et bien sûr de leur indéniable solidarité qui prendra toujours le dessus sur les éventuels crêpages de chignon… ! Malheureusement, dans le lot, nombreux sont les films se vautrant lamentablement dans leurs tentatives de mettre en scène une vision juste de la gent féminine, qui présentent cette dernière comme un amas de nunuches hystériques se battant pour savoir qui est la plus belle et se reposent sur des clichés usés jusqu'à la corde, parvenant tout au plus à divertir le temps d'une petite centaine de minutes quelques spectateurs conscients de la vacuité du contenu qu'on leur propose. Bride Wars est de ceux-là. Ainsi, peut-on émettre un avis négatif sur ce film sans enfoncer des portes ouvertes ? Bien sûr que non, mais ce n'est pas ce qui m'empêchera de le faire.


Pour commencer, le métrage s'ouvre sur une scène de l'enfance de nos deux héroïnes, Olivia dite Liv (la blonde) et Emma (la brune), enfance durant laquelle l'on voit se forger chez ces deux bambines un goût prononcé pour le bling-bling ainsi que l'obsession de tout individu féminin dans l'univers merveilleux des rom-coms, à savoir le mariage. Mais attention, pas n'importe quel type de mariage : un qui aurait lieu au mois de juin dans un hôtel de luxe avec des invités tout aussi luxueux ! Car oui, ici il ne s'agit pas d'unir sa destinée à celle de la personne que l'on a choisie pour passer notre vie et fonder une famille avec, il s'agit bel et bien d'avoir le mariage le plus clinquant et hors de prix possible. Du coup, elles s'exercent entre elles, Emma faisant le marié et Liv la mariée. À partir de là, facile d'imaginer une tension romantico-sexuelle entre les deux midinettes, cependant, veillons à ne pas trop imaginer de choses : aucune rom-com gnangnan digne de ce nom ne mettra en scène de couple homosexuel et se contentera au mieux d'en mentionner un pour la forme.


Bond d'une vingtaine d'années en avant. La blonde Liv est devenue une brillante avocate qui montre son décolleté à tout bout de champ et dont le succès lui est tellement monté à la tête que cette dernière est devenue aussi grosse que, selon une réplique entendue plus tard dans le film, son cul en terminale : elle écrase tout le monde en voulant tout contrôler et est totalement imbue de sa personne, et pour cette raison, nous l'appellerons par la suite Miss Connasse. La brune Emma est quand à elle une gentille petite instit' si passive et dénuée de force de caractère qu'elle se laisse sans arrêt marcher dessus et est incapable de faire preuve d'un tant soit peu de personnalité : pour ces raisons, nous l'appellerons Miss Coincée du cul.


Qu'ont donc ces deux femmes en commun ? La réponse est simple : un égocentrisme et une immaturité portés à des niveaux rarement égalés vis-à-vis de leurs mariages et qui se manifesteront dans toutes les scènes qui suivront, et ce jusqu'à la fin du film.


Tout commence lorsque Miss Connasse trouve une bague de fiançailles soigneusement planquée, mais pas suffisamment pour une fouineuse ; cependant, comme monsieur tarde à faire sa demande, mademoiselle s'empresse d'aller royalement pourrir cette dernière en forçant ni plus ni moins son compagnon à la faire devant ses collègues à un moment très mal choisi. Du côté de Miss Coincée du cul, la demande arrive plus rapidement ; bien entendu, elle accepte, et ce malgré le fait que, comme le spectateur ne l'aura sûrement pas deviné parce qu'il est un peu con, son fiancé et elle ont une vie de couple merdique et pleine de problèmes


et surtout vouée à mal se terminer.


Par la suite, les héroïnes se rendent chez la star des wedding planners afin de programmer deux dates pour les cérémonies au mois de juin à l'hôtel Plaza — sans demander l'avis des principaux intéressés, évidemment. Eh oui, faut pas rêver, après tout, tout ne tourne qu'autour d'elles. Tout à coup, malheur ! Les deux mariages sont programmés par erreur le même jour. Chouette, pourrait-on alors se dire, ce serait une super idée d'organiser un double mariage ! Sauf que nos Miss Connasse et Miss Coincée du cul veulent chacune avoir les projecteurs braqués sur elles et refusent donc tout compromis.


À partir de là, chacune se lance dans des tentatives toutes plus pathétiques les unes que les autres pour rendre l'autre folle : Miss Connasse sabote le cours de danse et le bronzage de Miss Coincée du cul avant de faire croire à tout le monde que cette dernière est enceinte — j'ai un peu de mal à comprendre en quoi ça peut lui mettre la honte, mais passons… —, tandis que Miss Coincée du cul se débrouille pour que Miss Connasse devienne une grosse baleine — comprendre par là, qu'elle prenne un peu de poignées d'amour — et qu'elle se retrouve avec les cheveux teints en bleu avant de lui donner le coup de grâce en lui pourrissant magistralement son enterrement de vie de jeune fille en faisant la chaudasse sur la piste de danse.


Et leur entourage dans tout ça ? Leurs potes, leurs familles ? Ne devraient-ils pas faire leur possible pour les raisonner et les pousser à arranger la situation ? Ne nous faisons pas d'illusions, ils n'en feront rien, une des raisons pour cela étant que, question de facilité, Miss Connasse n'a pas d'autre famille que son frère, personnage ne bénéficiant d'aucune forme de développement. En vérité, il est surtout là pour être le laissé pour compte amoureux de Miss Coincée du cul avec qui il partage une unique scène, et à partir de là,


on est supposé comprendre que c'est finalement lui qu'elle va épouser.


On pouvait au moins espérer un peu moins de passivité de la part des fiancés face au comportement immature et tyrannique de leurs compagnes, mais malheureusement, force est de constater qu'il n'en est rien, les deux hommes étant si transparents qu'ils en deviennent totalement interchangeables sans que cela n'impacte en quoi que ce soit l'intrigue. Ah, si : à un moment, celui de Miss Coincée du cul se révèle être le seul personnage pourvu de bon sens lorsqu'il ose reprocher — oui, reprocher ! — à cette dernière son attitude exécrable. Finalement, qu'y gagne-t-il ? Réponse dans quelques lignes, bien que vous l'ayez probablement déjà devinée.


Arrive enfin le jour des deux mariages, également le jour de l'ultime mauvaise blague de Miss Connasse à Miss Coincée du cul, consistant à lui coller la honte de sa vie en projetant une vidéo d'elle bourrée lors d'une excursion d'étudiantes. Cependant, suite à une pseudo-séquence émotion dégoulinante de pleurnicheries inutiles — bouh hou hou j'ai plus de parents mais ceux de ma meilleure amie avec qui je m'engueule pour des broutilles viennent me souhaiter bonne chance comme si j'étais aussi leur fille et je suis émuuuuuueeeeee —, Miss Connasse réalise finalement la stupidité aberrante de son geste et tente de réparer ses bêtises. Malheureusement, en raison d'un malentendu — mais quelle surprise ! —, la vidéo est quand même diffusée, et s'en suit ce que tous les petits pervers attendaient : une magnifique scène de catfight en robes de mariées devant tout le monde.


Ils ne se rinceront toutefois pas l'œil bien longtemps puisque les deux femmes finissent par se réconcilier, puis le fiancé de Miss Coincée du cul se montre de nouveau dépassé par l'attitude de cette dernière et se risque de nouveau à la lui reprocher.


Bien mal lui en prend, puisque mademoiselle refuse de se remettre en question, et par conséquent, tout ce qu'il y gagne est de se faire larguer — le jour même de leur mariage, tout de même — sous prétexte qu'elle aurait évolué et pas lui. Le seul être sensé de l'histoire récolte donc tous les torts et s'en va par la petite porte de derrière, et ce bien que l'on puisse se dire qu'au final il n'aura pas perdu grand chose.


Voilà voilà. Du coup,


y a plus qu'un seul mariage, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil et tout le monde il fait la fête, les deux gamines s'en tirent à bon compte, Miss Coincée du cul se marie avec le mec avec qui elle partagé l'écran cinq minutes et tout cela finit par un happy end d'un ridicule consommé où les deux amies apprennent qu'elles sont supposées avoir leur premier enfant le même jour. Il ne leur viendrait même pas à l'esprit que les chances que ça arrive concrètement ne sont pas de 100 %...


J'achèverai ce commentaire que je sais trop long sur un film qui ne vaut pas la peine qu'on s'attarde dessus par une triste constatation : celle que, malgré un afflux de critiques négatives et cinglantes, l'industrie des roms-coms s'obstine à continuer de nous vendre ce qu'elle estampille comme étant des "films de filles" — au point de sortir un remake chinois ! —, alors que… non. Cette image d'elles-mêmes faussée et stéréotypée à mort n'est pas ce que veulent les filles. Même les gamines de douze ans qui s'esclaffent comme des perruches devant ces films soi-disant drôles et s'extasient devant les robes de mariées style meringue finiront par évoluer et se rendre compte de ce que sont Bride Wars et compagnie : des roms-coms de fast-food, à consommer quand on n'a rien de mieux à bouffer et vite oubliées par la suite. En attendant, on n'empêchera pas cette industrie de continuer d'en produire ; après tout, ça a beau être mauvais, ça ne fait de mal à personne...

Dulcis_Victoria
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le 9 nov. 2015

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