Même la pluie par Diego290288
Passé injustement inaperçu chez nous en janvier dernier, Même la Pluie méritait pourtant l'attention des spectateurs car il confirme (encore !) la vitalité du cinéma Espagnol.
Actrice confirmée passée là la réalisation Icíar Bollaín s'était illustrée en 2004 avec Ne dis rien. Elle récidive avec un film au sujet fort mais qui ne saurait-être réduit à un simple pamphlet alter-mondialiste.
Même la pluie repose sur un procédé narratif bien connu mais peu utilisé au cinéma : la mise en abîme. Cette base solide constitue l'atout principal du film et le pilier autour duquel s'articulent le récit et les personnages.
Le film prend un tournage comme prétexte pour évoquer l'histoire de deux conflits à 500 ans d'intervalle, permettant ainsi au scénariste Paul Laverty (collaborateur fidèle de Ken Loach et ça se sent !) d'explorer les enjeux sociaux, politiques et religieux liés à la situation des indiens de Bolivie et à la colonisation démontrant que les opprimés d'hier sont ceux d'aujourd'hui....
Cette résonance entre les époques évidente est parfois un peu trop démonstrative mais fait de Même la Pluie un drame poignant et pétrit d'humanité à l'image de ses trois protagonistes principaux dont le cheminement psychologique est au cœur du récit. Refusant tout manichéisme facile dans l'écriture des personnages mais aussi dans sa manière d'aborder des faits historiques (peu de film ont dressé un portrait aussi peu flatteur de Christophe Colomb), Même la pluie propose une narration déroutante de prime abord mais en réalité dynamique et très maîtrisée qui joue parfaitement avec les attentes du spectateur en s'appuyant sur les deux degrés de lecture.
Le film s'appuie également sur des interprètes formidables : si Gael Garcia Bernal et Luis Tosar sont impeccables comme à leur habitude, c'est la révélation Juan Carlos Aduviri qui bouffe l'écran en leader charismatique.
Enfin, l'ensemble est transcendé par une beauté plastique inattendue grâce à la photo d'Alex Catalan qui vient notamment sublimer « le film dans le film » et qui en renforce d'ailleurs l'impact émotionnel et la puissance évocatrice, ces passages étant indissociables du reste de l'histoire.
C'est donc un carton plein de la part d'Icíar Bollaín qui signe un film brillant qui évoque bien évidemment le cinéma de Ken Loach mais aussi certains films américains comme Lord Of War, de par l'ambition du projet en terme d'écriture et de mise en scène. Sans longueurs ni didactisme excessif, Même la pluie se pose en modèle de film engagé et tout public.
Bien joué !
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