Les hommes en noir se prennent une veste !

2012, Boris L'Animal s'évade d'une prison lunaire et remonte le temps pour se venger de l'agent K qui lui a coupé le bras. C'est sans compter sur l'agent J qui, s'aperçevant du problème, décide de remonter lui aussi en 1969 pour sauver son partenaire...et la planète au passage !


Parfois, il y a des idées comme ça qui semblent idiotes et se vérifient. Remettre une applique en prenant son bain, penser pouvoir voler un peu ivre ou encore ressusciter au mépris du bon sens une franchise un peu datée. Le cas qui nous intéresse aujourd'hui va vite faire figure de cas d'école dans cette dernière catégorie. Autopsie d'un blockbuster malade : Men In Black III.


Men In Black, en 1998, c'était cette comédie de science-fiction plutôt cool où un vieux briscard et un jeune bavard dégommaient en costard de la racaille intergalactique tout en balançant des vannes. Un divertissement sans prétention, dans la lignée des S.O.S fantômes, qui a su séduire le public et la critique à tel point qu'en 2002, MIB II débarquait sur les écrans. Déjà, c'était moins cool, un chien vicelard tentait péniblement de nous arracher des sourires pendant que les scénaristes essayaient de masquer l'indigence de leur histoire sous une avalanche d'effets spéciaux. Le public est refroidi, le film rapporte de l'argent mais la franchise, ébranlée, semble mal parti pour revenir une troisième fois.


Le projet revient malgré tout de temps en temps, sans faire plus de bruit que ça car tout le monde s'en fout un peu. Mais en 2010, surprise, Men In Black III est acté, une bonne partie de l'équipe rempile et la sortie est déjà fixée pour mai 2012 avant même l'écriture du scénario. Déjà, ça sent légèrement le pâté mais c'est vraiment après que les emmerdes vont commencer...


Car l’honnêteté nous oblige à dire qu'une grande majorité des défauts du film tient à son développement profondément chaotique. Tournage interrompu à plusieurs reprises, scénario réécrit maintes fois et finalisé en plein milieu de production, budget en inflation (on parle de 225 millions, une aberration à la vue du résultat).... C'est simple, même Barry Sonnenfeld affirmait, quelques mois avant la sortie du film, qu'il avait peut-être fait une grosse connerie. Des raisons pour le public de croire encore moins dans un projet qui, sans être une grosse connerie, rate quasiment tout.


Le scénario, pour ne parler que de lui, souffre grandement de ses multiples réécritures. Confus, bordélique et bourré d'incohérences, le script se prend complètement les pieds dans le tapis du voyage temporel (un postulat délicat qui ne souffre pas l'approximation) et s'emmêle les pinceaux dans des sous-intrigues inutiles. Paradoxalement, la trame générale du film est des plus simples (arrêter un grand méchant à la voix de baryton) mais l'enchaînement des scènes et la résolution des enjeux va si vite, sans jamais rien poser, qu'on décroche très vite pour devenir spectateur distrait d'une suite de péripéties inégales et incohérentes qui, à vrai dire, font du surplace.


En plus de ça, le scénario regorge de facilités assez malhonnêtes (un événement va toujours arriver, comme de par hasard, au bon moment) nous donnant vite l'impression d'être pris pour des cons. Vous l'aurez compris, il n'y a pas de secret, quand un scénario n'est pas construit et structuré et se voit constamment modifié n'importe comment à même le plateau, le résultat est loin d'être probant.


D'autant plus qu'ici, il n'y a pas un grand réalisateur derrière le combo pour sauver les apparences. Non pas que Sonnenfeld ne soit pas sympathique (on lui doit tout de même quelques bons films) mais il a toujours été un petit artisan d'Hollywood. En cela, on n'a droit qu'à une mise en images plan-plan, peu inventive et assez statique qui n'emporte jamais le morceau. Les acteurs se demandent tous ce qu'ils foutent là (Lee-Jones et Brolin en tête) et même Will Smith perd toute drôlerie dans un cabotinage inefficace. L'humour tombe à plat, l'action est molle, l'univers devient vide d'intérêt et les effets spéciaux numériques sont torchés.


Cependant, la direction artistique du film remonte le niveau et continue de creuser un sympathique sillon BD avec une galerie d'extra-terrestres et de décors chromés bien kitchs héritiers de 60 ans de culture S.F. Quelques idées intéressantes viennent aussi pointer ci et là mais le constat est là : Men In Black III, fallait pas !


En définitive, on a failli y croire un peu mais il n'y a pas de miracle. Fruit d'une production chaotique et arrivant sûrement un peu trop tard, Men In Black III fait figure de cas d'école dans un Hollywood qui s'évertue à produire des films bien trop vite. Pas le seul dans ce cas ces dernières années mais dans de telles largeurs, c'est un véritable ratage. Allez, on déneurolyse !


P.S : En plus, il y a ce vieux beau(f) de Pitbull qui chante l'horrible générique de fin et ça, franchement, c'est la cerise pourrie sur le gâteau moisi...

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le 8 août 2012

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Adrien Beltoise

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