Comment réussir à extorquer une petite fortune à son ancien patron pour les nuls.
★★☆☆
Dès le départ, il est difficile de comprendre l'objectif du documentaire. François Ruffin se place dans une position sarcastique d'avocat de Bernard Arnault (PDG de LVMH, grosse puissance de l'industrie du luxe). Il joue le candide, tentant de défendre le bilan de l'homme. Mais la mayonnaise ne prend pas... n'est pas Michael Moore qui veut. Le film patine et n'aurait jamais vu le jour si le réalisateur n'avait pas croisé la route d'un couple d'anciens ouvriers licenciés par Arnault. Acculés par des dettes énormes, leur témoignage est édifiant et reste l'un des moments forts du film. On se croirait dans un reportage de Groland, tellement on est proche de la caricature des chtis sans le sou.
La tendance qu'a François Ruffin de se mettre en avant est souvent pénible. Il fallait probablement rallonger la pellicule : on le voit manger des chips dans sa voiture, jouer au foot avec ses enfants. Et il n'hésite pas à se faire comparer à Robin des Bois par son petit garçon visiblement paumé. On ne peut pas s'empêcher de penser que le réalisateur est irrésistiblement attiré par la lumière et qu'on n'a pas fini d'entendre parler de lui.
Mais il faut reconnaître le mérite de Ruffin-des-Bois qui va tenter de sauver la mise de la famille avec un mélange parfait de malice et de culot. Tout le film tourne alors autour de cette gentille (mais nécessaire) arnaque. Les propos de l'émissaire de LVMH pris en caméra cachée valent notamment leur poids de fricadelle. Mais cela fait-il assez de substance pour un film ? Qu'apprend-on vraiment ? Au mieux, on aura l'agréable confirmation que ces géants qui semblent inaccessibles sont bien dotés de pieds d'argile.
Difficile d'avoir un avis objectif sur ce film. D'un côté, on admet qu'il met en lumière des agissements qu'on soupçonnait sans trop y croire, mais d'un autre, il faut reconnaître que Merci Patron ! ne raconte pas grand chose.
- Si vous avez manqué le début
François Ruffin se lave les dents dans sa petite salle de bain. Puis il va voir des gens qui sont pauvres à cause de LVMH et ils s'incrustent tous à une assemblée des actionnaires pour y mettre le bronx. Sauf que ça foire lamentablement, la scène dure une minute et le film prendra finalement une toute autre direction.