Si nous prenons la filmographie de Jean-Pierre Jeunet dans son ensemble – même si je me défends d'avoir tout vu – nous pouvons noter une rupture de son style qui correspond à sa rupture avec son complice Marc Caro ; il y a la période Delicatessen/Cité des Enfants Perdus d'un côté, et la période Fabuleux Destin d'Amélie Poulain/Long Dimanche de Fiançailles de l'autre (Alien IV reste une œuvre à part dans son travail). J'apprécie tous ces films, pour des raisons différentes. Micmacs à Tire-Larigot, je l'interprète comme sa volonté de revenir à un style plus sombre et glauque (ce qui expliquerait notamment le discret hommage qu'il rend à Delicatessen), mais sans Marc Caro et après avoir réalisé Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, véritable phénomène de société. S'en suit un film qui s'assume difficilement, et surtout un réalisateur qui semble se caricaturer et copier ses réalisations pré-Amélie Poulain (mais pas trop), comme s'il n'arrivait pas à se réapproprier son propre style ; à moins que ce soit celui de Marc Caro ?
L'écriture elle-même frise la caricature, à trop vouloir jouer la carte d'une originalité finalement prévisible vu le passif du bonhomme : tout se focalise sur une équipe de clochards au grand cœur, vivant dans un repaire aux accents de Cour des Miracles. C'est évidemment là que se cache Dominique Pinon, son acteur fétiche, qui ne déçoit pas. Jean-Pierre Jeunet semble vouloir créer un décalage entre le côté farfelu, dérangé, et poétique de ses héros, face à des marchands d'armes tristement réalistes. Le tout s'accompagne d'une morale, ce qui est non seulement nouveau pour Jeunet, mais d'une vacuité effarante et amenant un final légèrement décevant.
Heureusement, certaines scènes nous rappellent à qui nous avons affaire. Il y a de l'idée, de l'ingéniosité, et un véritable sens de l'esthétique et de la surprise. Il faut bien ça pour compenser un Dany Boon plus neuneux que jamais, et une Yolande Moreau toujours aussi vulgaire.
La photographie et quelques passages comme seul Jean-Pierre semble capable de créer apportent son charme à ce long-métrage, mais pour moi, il s'agit de sa plus mauvaise réalisation.
Ninesisters
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le 4 mars 2012

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