La première scène met d'emblée le spectateur dans la peau du personnage principal, William Hayes, dit Billy (Brad Davis). Sur le point de rentrer aux états-unis en compagnie de sa petite amie, il se rend aux toilettes, transpirant et on se rend compte qu'il a dissimulé des plaques de cannabis en les scotchant autour de son corps. Il réussit à passer la douane dans un état de nervosité extrême puis parvient à se détendre. Au moment d'embarquer, à quelques mètres de l'avion, un contrôle inopiné des forces de l'ordre turques découvrent par palpation que Billy a quelque chose sur lui. Craignant d'avoir à faire à un terroriste (c'était l'objet du contrôle) les policiers braquent Billy qui lèvent très haut les mains (À cet instant démarre l'une des célèbres musique du film). Se rendant compte qu'il ne s'agit que de drogue, les policiers rient de leur méprise. Pour eux, le job est terminé, pour Billy, c'est le début de l'enfer.
Détenu dans une prison qui n'a rien de commun avec celles que nous pouvons "connaître" en France, les prisonniers sont libres d'aller et venir, il n'y a pas de cellules à barreaux, il ne semble pas non plus y avoir d'horaires et dans la cour, les hommes jouent aux ballons, se promènent, discutent ou bien se battent... Tout est vétuste : les bâtiments, les chambres, les sanitaires...
La prison est dirigée par un homme de stature imposante. Son visage dur est bien le reflet de ce qu'il est : une brute perverse incapable de la moindre compassion.
Dans cet univers étrange, Billy parvient à se faire trois amis. L'un des trois, tête brûlée, tente de s'évader et sera pour cela battu comme plâtre par le directeur violent.
Billy, qui avait été condamné dans un premier temps à une peine de 4 ans de prison, voit sa détention portée à 20 ans : à partir de là, lui qui était resté calme pour éviter de se faire remarquer, va changer d'attitude.
Suite à une délation affectant l'un de ses amis, il s'en prend avec une folie rageuse à l'homme qui a dénoncé son ami jusqu'à lui arracher la langue avec ses dents puis la recracher en l'air. Il reste ensuite quelques secondes prostré, la tête toujours tournée vers le haut : c'est l'affiche du film.
La suite sera pour lui un séjour dans le quartier des "fous", avant que la chance ne tourne enfin...
L'habileté du réalisateur est de nous permettre de nous identifier complètement à William Hayes en restituant l'évolution de son état d'esprit au fil de l'histoire. Son talent est aussi de réaliser une peinture hyper réaliste de cette prison où les détenus semblent bénéficier d'une grande liberté de mouvements mais sont aussi sous la menace permanente de châtiments corporels.
Les personnages secondaires sont attachants ou détestables, mais toujours crédibles.
En revanche, si les systèmes judiciaire et carcéral turcs sont dénoncés, il n'y a pas de tentative pour comprendre ou aimer la culture turque. On reste exclusivement sur le point de vue de Billy, ce qui donne un aspect manichéen au film.
À noter que je l'ai revu il y a un an ou deux, avec le même plaisir.