Les seigneurs des airs : bataille en mer du milieu

Non R. Emmerich n’est pas mort et le film de guerre hollywoodien a encore des choses à nous proposer !


Après Pearl Harbor de Michael Bay, Midway s’inscrit presque comme sa suite naturelle. Ces deux épisodes de la bataille du Pacifique se suivent et R. Emmerich vient avec Midway en l’inscrivant comme tel, ne pouvant pas s’empêcher de nous proposer une nouvelle fois l’attaque de Pearl Harbor.


Et ce rappel rallonge le film de bien 30 minutes. S’il a le mérite de poser les bases du film c’est aussi une manière très grossière de justifier la baisse du moral des troupes, d’installer Layton, d’expliquer le ressentiment des soldats américains après cette déconvenue. C’est utile, mais très grossier, car l’histoire, tout le monde la connait et qu’on vient voir Midway ! Surtout quand on voit le rendu visuel de l'attaque de Pearl Harbor qui est plutôt moche.


Et ce sont ces 30 minutes passées sur Pearl Harbor qui vont manquer à la bataille du Midway. L’élément que l’on annonce prédominant ne l’est finalement plus tant que ça. Peut-être pourrait-on coller les films deux films ? Passer l’absence des acteurs, le tout irait certainement très bien.
Ce ressenti de « suite » à M. Bay, nuit gravement à la place que tient Midway. Midway aurait dû être centrale, le film aurait dû se commencer sur un Pearl Harbor en feu par exemple. Cela aurait permis de donner plus de place à la stratégie de renseignement des américains, plus de place à la bataille en elle-même, on aurait pu avoir un film avec des sauts temporels moins important permettant de facilité la compréhension.


Pourtant, Midway ne souffre aucunement de la comparaison avec son "grand frère". Le film est mieux rythmé, la tension monte chaque minute et les Japonais occupent une place plus prépondérante donnant ainsi plus de poids à la stratégie des uns et des autres (c’est d’ailleurs parfois un beau bordel et on ne sait plus très où l’on est ni où l’on va).


Américains et Japonais se sont donc affrontés en plein pacifique…
R. Emmerich arrive a reproduire l’immensité de l’océan et les espaces à combler sans pour autant en faire le nerf de la guerre et c’est pourtant l'un des éléments central de cette bataille : comment faire tomber l’adversaire tout en conservant les chances de revenir ? Comment me trouver assez près de mon adversaire pour le toucher sans être trop près ? La problématique est trop souvent survolé et les deux scènes où elle est abordée, c’est pour y montrer un acte héroïque attendu.


Midway est bourré de petit de défaut, mais des défauts attendus car c’est R. Emmerich à la baguette.
Mais passé cela, il faut avouer que le tout se suit avec un plaisir non-dissimulé car la partie d’échec entre américain et japonais reste un temps fort de la Seconde Guerre Mondiale.


Parce que visuellement, c’est une nouvelle fois une débauche de moyen. Certains moments sonnent néanmoins un peu faux devant le trop de plein de numérique (y’a certains moment de l’attaque de Pearl Harbor qui sont cacas…) mais d’autres conservent une puissance visuelle intéressante. Globalement, dans les airs c’est beau, en mer c’est raté et plat voire carrément moche par moment.


Ce sont clairement les scènes aériennes qui séduisent que ce soit les plans larges où les scènes de piqués, c’est plutôt réussis et plaisant. Les attaques de porte-avion montrent d’un côté la vulnérabilité des avions et la difficulté à faire mouche mais aussi la difficulté pour les portes-avions d’abattre un ennemi allant vite, très vite. Emmerich arrive à montrer les forces et faiblesses de chacun des bâtiments permettant de faire monter la pression, que l’on soit en mer ou dans les airs.
On apprécie aussi le rapport de force entre chasseur-chassé avec le co-pilote qui évolue quasiment indépendamment du pilote quand il s’agit de sauver sa peau (la relation Murray - Best est d’ailleurs une petite réussite, basique mais réussi).


Derrière cette débauche d’action, on retrouve un casting aux têtes connues sans grande surprise. Ed Skrein trouve un rôle sur mesure, le reste est sympathique, oubliable mais efficace. W. Harrelson retrouve un peu de sérieux après avoir chassé du zombie. Globalement on est sur un casting d'acteur Poker Face.
On retrouve aussi quelques inserts intéressants avec Ford en plein tournage, le bombardement de Tokyo, etc.


Midway est évidemment oubliable et n’a pas la portée apocalyptique de Pearl Harbor. Il n’en reste pas moins qu’Emmerich signe un bel hommage à ces pilotes américains et japonais qui ont tous brillé de courage dans une bataille pommée dans le plus grand océan du monde.


Un film visuellement "réussi" (surtout dans les airs, dans les mers c’est plat) et au scénario pertinent qui tient ses 2h18 sans vraiment faiblir grâce à une bonne recette mêlant assaut, solitude des pilotes et de leur femme, retour au bercail et sacrifice.


Une fresque militaire sympathique et efficace.

Halifax

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