Millénium - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes par SuperTAZE

Quand le meilleur cinéaste de sa génération sort quelque chose, on y va. Forcément. & on aime. Forcément.
Pourtant, pour la première fois dans la filmographie de Fincher, je vais mettre un bémol. Pas sur la forme (j'en parlerai après), mais presque plus sur le fond. Car qu'est-ce que ce film apporte par rapport à la version suédoise précédente ? Un casting de rêve (Fincher, certes, mais aussi Daniel Graig, Robin Wright-Penn, l'immense Trent Reznor à la BO), OK. Une réalisation parfaite & des moyens techniques sans commune mesure avec le précédent, OK. & à part ça ? Pas grand chose...
& c'est là où le bât blesse. C'est tout simplement le premier film alimentaire de Fincher. Non qu'il soit mauvais, j'ai même passé un excellent moment. Juste que, contrairement au reste de sa filmographie, il n'y a rien dans ce Millénium qui puisse réellement nous surprendre. & même si la maîtrise de la forme est sublime, voir le meilleur cinéaste de sa génération faire du cinéma (presque) banal, c'est dommage...

Passé cette impression, il reste les indéniables qualités du film, qui s'affichent dès les premières minutes : le meilleur générique vu depuis des années (un petit côté qui rappelle les meilleurs génériques de 007, clin d'œil amusant à Daniel Graig qui tient le rôle titre), servi par une imagerie bluffante & une reprise d'Immigrant Song (Led Zeppelin) hallucinante signée de Trent Reznor (le dieu du groupe Nine Inch Nails, le mentor de Marylin Manson, pour les incultes).

La suite passe par un film encore une fois très beau & très plaisant. Graig est AMHA trop lisse pour le rôle, là où le héros suédois était moins sympathique. La petite qui joue Lisbeth est très très bien, même si je préférai l'énergie plus dark de Noomi Rapace. Le reste du casting est nickel. La photographie, les éclairages ou le montage sont sublimes. Les scènes les plus trash sont filmées d'une façon que seul Fincher connaît. Il nous fait passer les pires horreurs avec ce si léger soupçon d'élégance qui rend l'ignoble captivant.C'est brillant.

Un film qui aurait put friser la perfection, donc, s'il avait été (comme le reste de la filmographie du maître) mis au service de l'innovation. Il n'en demeure pas moins que l'exercice de style est brillant. Plus encore, certainement, pour ceux qui n'auraient pas vu la version suédoise de 2009.