Des étoiles pas alignées

Minuit dans l'univers (2020) de George Clooney

Sorti le 23 décembre sur Netflix, Minuit dans l'univers s’annonçait comme un film ambitieux à gros budget, basé sur le roman Good Morning, Midnight de Lily Brooks-Dalton. En 2049, la Terre fait face à une apocalypse causée par l’empoisonnement de l’atmosphère. Resté seul dans une station polaire, Augustine Lofthouse, qui se sait condamné, tue le temps jusqu’à ce qu’il découvre une fillette oubliée dont il va devoir s’occuper. Dans le même temps, une expédition spatiale revient sur Terre après un périple de deux ans qui l’a menée sur une lune de Jupiter où la vie est possible. Le téléspectateur suit ces deux intrigues en parallèle. Ou du moins, devrait le faire…
Mais cette adaptation, le mot est adéquat étant donné les libertés prises par le scénariste Mark L. Smith (Overlord, The Revenant…) avec l’intrigue originale, tombe à plat. Les échanges entre Augustine (joué par un Clooney méconnaissable) et Sully (incarnée par Felicity Jones, elle aussi enlaidie), qui forme le nœud du roman, sont réduits à leur plus simple appareil. Cela torpille totalement l’histoire. Ce n’est d’ailleurs pas la seule erreur commise dans la mise en place narrative. Cherchant à s’éloigner de la construction en parallèle du roman, le film peine à mener de front ces deux intrigues et à nous y intéresser, y ajoutant des flashbacks mal maîtrisés et trop peu développés à des choix étonnants et confus, sans compter que le nombre important d’incohérences et de maladresses minent l’ensemble.
Qu’a donc voulu faire Clooney ? Un mélange de Gravity et d’Interstellar ? Sans doute, étant donné les scènes « empruntées » comme l’orage d’astéroïdes et la mort d’un astronaute, ainsi que les longs plans sur l’infini spatial. Des clins d’œil à Ad Astra ? On y pense en raison des problèmes de communication de la station. S’est-il remémoré son rôle dans Solaris ? Cela ne fait aucun doute lors du dénouement. A-t-il voulu se prendre pour Roland Emmerich et son Jour d’Après ? Là, c’est raté, parce que les scènes d’action arctiques sensées pimenter le film manquent d’un registre épique. En résumé, on hésite entre applaudir les ambitions et pleurer sur les ratages. Mais pourquoi Sully est-elle enceinte ? Qu’est-ce que ça apporte au film ? Pourquoi tant appuyer sur les références bibliques et le jardin d’Eden ? Pourquoi nous proposer tous ces larmoiements et ce politiquement correct ? En voulant trop en faire, Clooney et Smith font s’écraser leur station, ce qui est bien dommage. Et même si ce film n’est pas le ratage annoncé par certains critiques qui n’ont même pas compris certaines scènes importantes, il n’est évidemment pas réussi.