Quand les fourmis se battent avec de l'insecticide.
Il faut reconnaître une performance quand elle se présente, et le coup de maître de La Valée des fourmis perdues en est une.
Si vous êtes comme moi, vous avez toujours un peu les tripes en branle quand vous regardez un film français, comme si l'honneur de la nation s'y jouait. Ici, c'est l'esthétique qui provoque l'appréhension, avec un parti pris de départ vraiment pas commun.
Et dès les premières secondes, ça choque l'oeil, ces bestioles parfaitement animées dans un décor d'une beauté presque trop parfaite. Puis, ça le flatte.
La première satisfaction, hors performances visuelles, c'est ce petit son que fait la coccinelle, parfaitement jouissif et très adapté à l'esthétique globale, un peu déjantée, qui met directement dans l'ambiance. Puis l'univers musical de l'oeuvre impose le rythme, annonce les scènes cocasses, souligne dans un excès hilarant des passages qui se veulent héroïques, et poétise les moments de repos.
En fait, ce film est parfaitement adapté à son public cible, c'est à dire à tout le monde. Il n'y a besoin ni de prérequis, ni du moindre recul pour l'apprécier, juste d'un peu de discernement, de poésie, et peut-être l'envie de voir autre chose que la soupe Disney / Pixar, et plus original encore que le dernier Miyazaki (je l'avoue, ça n'a rien à voir). La perfection n'existant pas, je décide d'accorder non sans grande déclamation héroïque un 9 à ce film qui a tout compris. Quand j'ai vu l'affiche, je n'ai pas du tout été emballé, j'ai cru à un énième Fourmiz et autres mille et une pattes, mais que nenni, c'est un Ours de JJ.Annaud revisité, animation en plus, transposé dans la modernité.
Courez le voir.