Un cardiologue noue une relation ambigüe avec un jeune homme prénommé Martin dont le père est décédé suite à une opération ratée. Inquiétant et peu sûr de lui en apparence, le personnage gagne en intensité, occupant une place de plus en plus importante au sein d'une famille bourgeoise. On ne peut plus se passer de lui; le home invasion est d'abord psychologique. Martin devient une figure christique si l'on songe par exemple à la scène où la mère de famille est à ses pieds. L'ensemble du film traduit un long chemin de croix pour le cardiologue. La thématique de la disparition du corps humain, chère au réalisateur du Lobster, trouve ici son écho dans la désagrégation de la cellule familiale. Comme dans son précédent film, le réalisateur travaille la thématique de la disparition progressive du corps : les enfants se trouvent privés de l'usage de leurs jambes, ils ne peuvent plus s'alimenter et ils revivent la passion du Christ quand leurs yeux se mettent à saigner. Ces trois étapes scandent la mort progressive. Le motif inaugurale du coeur qui bat n'est qu'une représentation du dernier souffle. On assiste alors au calvaire du père de famille, incarné par Colin Farell, qui se retrouve face à un dilemme moral qu'il résoudra dans une scène allégorique, les yeux couverts, rendant une justice aveugle et soumise à la fortune. L'atmosphère tragique est renforcée par les choix musicaux et par la réduction spatiale; plus l'étau se resserre et plus les scènes, paradoxalement filmées en grand angle, se déroulent en intérieur. Les personnages ne peuvent plus avancés, ils sont rabaissés, symboliquement et littéralement paralysés dans leur vie. Le rythme du film est lent, ce qui pourra laisser certains spectateurs sur la touche mais Mise à mort du cerf sacré est bel est bien un chef-d'oeuvre visuel.

Cabou
7
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le 17 sept. 2017

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