Les aventures de Tom Cruise : Ethan Hunt s'accroche à un avion

Ethan Hunt peut être propulsé d’un hélicoptère accroché à un TGV, grimper une montagne sans corde, s’électrocuter à en mourir ou escalader la Burj Khalifa, rien n’est assez gros pour lui. Et comme ça ne suffisait pas, le super espion qui envahit les écrans depuis bientôt 20 ans revient dans une nouvelle aventure, qui débute par l’une de ses plus incroyable cascades : s’accrocher à la carcasse d’un avion en plein décollage. Le ton est donné : Mission : Impossible – Rogue Nation va encore nous en foutre plein les yeux.


Comme la promesse d’un nouveau spectacle de son cousin britannique James Bond, la nouvelle mission de Hunt se doit d’être toujours plus grosse, et pousser les concepts charme, exotisme et cascade encore plus loin. Mais à l’image de Skyfall, qui calmait radicalement les ardeurs du n’importe nawak, la cinquième aventure de l’Impossible Mission Force ne va pas tomber dans le piège de la surenchère inutile.


Après cette scène d’introduction époustouflante (principalement dû au fait que c’est Tom Cruise lui-même qui réalise l’exploit), le film va aller à contre-courant de ce qui se fait habituellement. Plus le film avance, moins le spectaculaire tient une place importante (sans pour autant le renier). Comme si Mission : Impossible – Rogue Nation désirait boucler une boucle qu’on avait même pas imaginé. Le début éclatant fait parfaitement suite aux séquences « j’la joue over the fucking top » de l’opus précédent, Mission : Impossible – Protocole fantôme, puis se permet des clins d’œil à l’épisode « t’es en train d’me chauffer mon gars » de J.J. Abrams (l’immortalité du héros, un méchant inflexible…), reprend un moment de bravoure de « trop stylé les ch’veux dans le vent » Mission : Impossible – 2 (la poursuite en moto), pour enfin se terminer sur une sorte de révérence à Brian de Palma, où l’anti-spectaculaire et l’ambiance « viens là que jte dupe » de Mission : Impossible premier du nom est de mise.


Au premier abord, l’on pourrait croire que Mission : Impossible – Rogue Nation n’est finalement qu’une pâle copie sans saveur, un milk-shake de tous les épisodes précédents pour en faire un recyclage dénué d’originalité. Ce serait une erreur de penser ça. Car le film de Christopher McQuarrie (également scénariste) possède une entité propre, et surtout des arguments de poids.


A commencer par des séquences d’une classe folle, comme celle de l’opéra, où l’humour, le suspens et l’action s’associent avec une brillante maestria et une sobriété bienvenue (sans trop en faire ni pas assez), ou de l’intense poursuite au Maroc, qui voit Ethan Hunt s’occuper d’une bande de malfrats à moto, exécutée avec des plans nerveux, promettant une sensation de vitesse et de danger qui file la banane.


Ensuite, pour le score délicieusement très old-school de Joe Kraemer, dosé à la perfection. Le compositeur, qui use à bon escient du thème de Lalo Schiffrin, parvient à faire en sorte que Mission : Impossible – Rogue Nation se rapproche de façon étonnante d’un épisode de la série télé, encore plus que n’importe quel film avant lui.


Enfin, pour le travail fourni sur certains personnages également. Par exemple Benji (Simon Pegg), qui passe à un stade au-dessus en s’éloignant un peu de la case « gentil et drôle bidouilleur geek de la bande », pour devenir un agent de terrain et un ami proche d’Ethan Hunt – chose quelque peu délicate. Ou bien Ilsa Faust (Rebecca Ferguson) – clairement la bonne surprise du film -, une femme pour le moins ambiguë, forte et souvent au cœur de l’action, qui arrive à briller aux côtés de Tom Cruise – chose quelque peu difficile. Quant à la star qui porte la franchise sur ses épaules depuis tant d’années, le scénario de McQuarrie joue habilement avec lui, servi par de savoureux dialogues méta, élevant le Super-Cruise en icône intouchable. Car finalement, le réalisateur a conscience que le public ne voit pas Ethan Hunt sauter sur un avion, conduire une moto en chemisette ou tenter la prouesse de ne pas respirer sous l’eau durant trois minutes entières, mais bel et bien la star complètement barge, exigeant le meilleur divertissement qui soit pour ses fans, et en s’impliquant corps et âme pour un rendu unique.


Résultat : l’énergie de Tom Cruise et la méticulosité de Christopher McQuarrie arrivent à élever Mission : Impossible – Rogue Nation dans les sphères des blockbusters estivales de grande qualité qui tiennent la route, même si quelques détails décevants polluent l’ensemble. Comme gaspiller les rôles de Ving Rhames (ni drôle, ni utile) et Jeremy Renner (qui avait quand même une excellente construction dans l’épisode précédent), un rythme qui parfois piétine un chouïa, une intrigue pas plus intéressante que ça, ou un méchant aussi charismatique qu’un pied gauche.


POUR LES FLEMMARDS : Un début tonitruant à la Mission : Impossible – Protocole fantôme qui se termine dans un jeu de dupes à la Mission : Impossible -1 : c’est un risque audacieux, mais c’est aussi et surtout d’une maîtrise, une classe et une nervosité ahurissante. Une saga d’action vraiment unique.

Djack-le-Flemmard
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le 24 août 2015

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