En cinq films, la licence "Mission Impossible" a su s'imposer comme un poids lourd du cinéma hollywoodien, grâce à sa vedette Cruise qui ne cesse de repousser la barre des prouesses physiques de films en films.
Mais "Mission Impossible" est surtout un licence singulière, certes plus "fun" qu'un James Bond, mais ayant toutefois su garder une part de modernité en parfait équilibre avec un gage de "sérieux".
Car depuis la série d'espionnage initiée par Bruce Geller en 1966, la licence a fait du chemin et a évolué. Tout en gardant son essence d'origine, le portage cinéma a introduit une dose d'action et d'humour qui a su renouveler le genre tout en le promettant à un bel avenir (oui "MI6" est déjà en préparation...).
Tous les "Mission Impossible" sont des films qui se suffisent à eux-mêmes. Pourtant nous sommes toujours autant excités de revoir Tom Cruise dans l'habit de l’inépuisable Ethan Hunt.
La série se renouvelle sans cesse : on part sur une adaptation fidèle signée De Palma, on intègre du ralenti et de la baston habilement chorégraphiée avec Woo, on casse les codes pour en recréer de nouveaux avec Abrams, pour enfin initier un nouveau départ très très réussi avec Bird.
De fait, "Protocole Fantôme" est l'épisode qui se rapproche le plus scénaristiquement de "Rogue Nation" : même équipe et péripéties directement liées à celles développées dans le quatrième volet. Mais le lien s'arrête là.
Brad Bird, principalement connu pour son travail dans l'animé, était un pari osé mais finalement payant, tant le réalisateur a habilement transgressé sa patte artistique pour une production plus conventionnelle et normée.
Christopher McQuarrie, lui, s'est lié avec Cruise avec "Jack Reacher", film assez classique dans la forme, mais plutôt efficace. Et ce qui est bien, c'est qu'il n'a pas joué au gourmand en passant aux commandes d'une grosse locomotive comme "Mission Impossible".
Ce cinquième volet est donc une franche réussite de par son juste équilibre entre réalisation, scénario et mise en scène. Rien ne surprend, mais tout est réussi. C'est déjà une victoire pour une telle licence qui est menacée du label "épisode de trop" à chaque nouvelle production.
Le scénario est certes classique, sans surprise apparente, mais il se tient et nous offre un subtile pied de nez final plus que bienvenu.
Les scènes d'action sont très réussies, encore une fois ! Mention spéciale pour la course poursuite en voiture BMW (ils sont tous équipés BM dans ce film ne cherchez pas...) et en moto (BMW aussi tient...), très rythmée, immersive et habilement mise en scène.
La seule grande scène d'infiltration est en réalité la scène la plus réussie du film : une plongée en apnée au cœur d'un système de sécurité jugé inviolable. Du grand cinéma d'action.
Côté casting, on est content de retrouver toute l'équipe : Cruise en tête, mais aussi Simon Pegg, Jeremy Renner, Ving Rhames... Tous à leur place et dans un parfait équilibre dans les interactions narratives.
Rebecca Ferguson amène la touche féminine et sexy, mais reste un personnage intéressant dans son rapport d’ego avec Hunt, ce qui évite les clichés mal venus...
Enfin, Sean Harris est impeccable dans la peau de l'espion dangereux et psychopathe.
"Rogue Nation" confirme mon attachement affectif pour la licence "Mission Impossible". En espérant que les producteurs conservent cette intelligence et cette clairvoyance dans le choix des réalisateurs et du traitement artistique pour les prochains volets.