Le postulat de base du film se voudrait innovant. Sur fond de querelles entre agences de renseignements, la cellule Mission Impossible est jugée douteuse et hasardeuse, donc dissoute, au grand plaisir du directeur de la CIA. L'agent Hunt (Tom Cruise) de Mission Impossible, qui persiste à rester sur le terrain, est par conséquent recherché, car suspecté par la CIA d'être une sorte de pompier pyromane juste destiné à faire mousser ses collègues.
Mais bien sûr, Mission Impossible, énième avatar d'une vénérable licence, aligne les clichés avec un plaisir jubilatoire. Déjà, les anciens de MI trouvent leur salut en la personne d'une espèce de colonel Olrik qui veut encore et toujours faire trembler le monde grâce à ses plans diaboliques. L'occasion pour les vieux briscards de refaire leurs preuves une ultime fois, de manière clandestine. Et puis, une telle intrigue est l'occasion d'aligner les vieux codes du genre, avec autant d'aisance que si c'était des perles sur un collier: des trognes patibulaires de grosses mules tchétchènes, des agents secrets en smoking impeccable, une femme fatale qui pratique le close-combat avec autant de grâce qu'une go-go danseuse, une scène de cache-cache mortel à la Hitchcock/Godfather/Hitman/etc/etc dans les coulisses d'un opéra, des bureaux de la CIA avec des hologrammes partout partout, quelques courses-poursuites parmi les plus jouissives et les plus joliment filmées de ces dernières années (alalah le passage en moto de course, j'en étais rivé à mon siège avec un sourire couillon et un filet de bave aux lèvres), des détonateurs numériques à la mord-moi-le-noeud, un bad-guy qui exécute froidement son homme de main, Tom Cruise qui court, qui court, qui court comme Sonic the Hedgedog et qui passe à travers une vitre toutes les 10 minutes... Le bougre de 50 piges nous fait même le coup d'une plongée en apnée cauchemardesque dans un tourbillon à autre pression, le moment idéal pour glisser des clins d'oeil à un certain Gravity. Et puis on voyage pas mal, comme dans un bon vieux Belmondo, de Casablanca à Minsk en passant par Vienne ou New York. Avec l'indication du lieu qui s'affiche à l'écran, style typographie high-tech, en faisant "tididididit", of course!
Tout cela est exécuté non sans humour, avec un chouïa d'auto-dérision, de répliques bien senties et d'acteurs qui s'amusent comme des gosses sans jamais tomber dans le cabotinage. Mission Impossible n'est surement pas un de ces films qui, faute d'être bons, se disent ironiques (et c'est là que les responsables d'Avengers ou de Deadpool devraient baisser les yeux). Car fondamentalement, ça reste de la belle ouvrage. Rogue Nation reste un bon film d'espionnage, nerveux, percutant, quasi à l'ancienne (on n'est pas non plus dans le trip pellicule vintage et split-screen à tout va à la OSS 117), avec ni trop ni trop peu de retournements de situation, des agents double, triple, quadruple, des cascades chorégraphiques, des bastons fracassantes, des héros charismatiques et des méchants pervers, et surtout, surtout, une bonne dose de situations inextricables. Puis enfin, de jolis génériques frénétiques et stylisés en prime. Si vous voulez pas voir plus d'un blockbuster pêté de thune par an, vous l'avez.

Biggus-Dickus
7
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le 12 sept. 2015

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Biggus Dickus

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