Non seulement voir ce film, au suspense haletant et au scenario très efficace, relève de l'utilité publique, mais elle interroge, avec du recul, à une époque où le fils d'un membre du KKK est à la Maison Blanche, sur la nécessité de SE SOUVENIR, de ne jamais oublier que dans la "plus grande démocratie du monde" a sévi l'une des pires et des plus humiliantes campagnes de ségrégation raciale, systématisée dans tout l'appareil sociétal. Pourquoi tant de violence, se demande l'un des deux détectives, qui nous emmènent en immersion dans l'Amérique profonde que l'on pourrait trouver telle quelle aujourd'hui encore. Pourquoi? Une question qui revient en boucle à chaque exaction montrée avec un réalisme dur et direct par un cinéaste téméraire, livrant l'un des plus grands réquisitoires cinématographiques contre le racisme. Indispensable.
Volontairement caricatural (les gentils fédéraux un peu évolués, les péquenots du coin peu éclairés, voire totalement abrutis), le film a pour objectif premier de livrer un enseignement, un témoignage historique sur fond de fiction accessible. Sur le fond, le manichéisme ambiant n'est pas gênant dans le déroulement du film, car il est bien rythmé, mais mérite évidemment une réflexion plus poussée. Mais le film révèle toutefois une vérité qui dépasse le simple cadre du KKK: la haine est toujours sournoise. Pris un à un, les membres masqués de la secte ne sont que des individus paumés, victimes de leur propre ignorance, n'assumant même pas ce qu'ils revendiquent ou croient revendiquer. De fait, le film prend le parti de montrer, derrière leur violence affichée, le caractère pathétique de ces hommes, rongés par la pauvreté, aveuglés par leur propre ignorance, et qui n'ont fait que répéter un schéma. Ainsi, l'épouse de l'un d'entre eux représente cette lueur d'espoir, notamment en rappelant ce que Rousseau lui-même disait: "L'homme n'est pas mauvais par nature, il le devient".